Le 08 août 2009

DJESKAIN LOKO MASSENGO.

Sosoliso et le Trio MADJESI

 

La rumba congolaise est ainsi appelée parce qu'elle est née sur les bords du fleuve éponyme. Toutefois, elle est le résultat d'une construction à plusieurs étages à laquelle  des musiciens venus d'horizons et de territoires coloniaux divers (Angola, Oubangui-Chari, Moyen-Congo, Ghana, Cameroun) ont apporté leur touche.

À la fin de la période coloniale, la rumba congolaise façonnée par des groupes prestigieux comme Victoria Jazz, Jazz Bohème, Dinamic Jazz, African Rock, Vedette Jazz, Victoria Brazza, Victoria Kin, San Salvator est déjà bien codifiée.  C'est une musique lente et lancinante à quatre mouvements. Les formations musicales qui jouent la rumba se produisent dans des lieux où le public vient  pour danser. Ce code se maintiendra tant bien que mal jusqu'à la fin des années 1960. Au cours de cette période la scène musicale kinoise est dominée par des formations  dite de la deuxième génération (African Jazz et Ok Jazz, Rock'A Mambo) dont la plupart des sociétaires ont fait leurs premières armes comme musicien dans les formations historiques citées  supra.

Au début des années 1970, de jeunes artistes talentueux débarquent sur la scène musicale avec des idées neuves.  Ils transforment en profondeur la rumba en accélérant son tempo. Le rythme est désormais allègre, alerte, endiablé. C'est dans ce contexte que la rencontre de trois jeunes chanteurs (Saak Sakoul Sinatra, Mario Matadidi et Djeskain Lolo Massengo) va révolutionner la musique congolaise. Influencés par la musique noire américaine, notamment par son icone James Brown, le Trio MADJESI (contration de Mario, Djeskain et Sinatra) va réussir une entreprise audacieuse : la fusion du funk et de la rumba congolaise désormais débarrassée de ses "apories". Fini le temps des chanteurs de charmes. L'heure est au spectacle, au show et le chanteur devient un show-man. Le succès est au rendez-vous, un succès fulgurant. 

Chaque production du Trio Madjesi draine des milliers de fans (du jamais vu à Kinshasa) posant à chaque fois de graves problèmes de sécurité. En effet, le Trio se produit dans des bars dancings. Ces lieux ne peuvent accueillir qu'un peu plus d'une centaines de personnes.  Partout au Congo comme lors de leur tournée africaine du Trio en 1973, faute de place à l'intérieur des dancings, les spectateurs restés dehors prennent d'assaut les arbres, les murs voire les toits des maisons alentours.

Malheureusement ce que tout le monde craignait finit par arriver.

De retour du périple africain historique, le Trio Madjesi se produit en concert à Kinshasa. Le toit d'une Église où les fans étaient montés pour assister au concert du Trio s'effondre, faisant 50 morts. À partir de cet instant, le Trio est l'objet de toutes sortes de machinations. En 1975, l'Umuza (Union des musiciens zaïrois) alors présidée par Franco Luambo Makiadi prend la décision de suspendre l'orchestre Sosoliso pour un an alors que le Trio se prépare pour l’Olympia de Paris. L'affaire prend une tournure politique, car les membres du Trio appartenaient sont originaires de trois pays différents.  Ecœurés, Mario Matadidi rentre en Angola, le pays de ses aïeux, Djeskain Loko Massengo au Congo Brazzaville. Saak Sakoul Sinatra reste donc seul au Congo. Ce sera la fin du Trio Madjesi.

 

 

 

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