Le 12 août 2009

PRÉSIDENTIELLE CONGOLAISE 2009 :

SASSOU NGUESSO VAINQUEUR. ET MAINTENANT ?

 

Par Noël KODIA-RAMATA

 

La présidentielle du 12 juillet 2009 a été marquée par une atmosphère plus ou moins inquiétante  avant, pendant et après son déroulement. On a dit qu’il y a eu tricherie, gonflement du fichier électoral et bourrage des urnes. Après le recours de l’opposition, la Cour constitutionnelle a déclaré Dénis Sassou Nguesso vainqueur à cette présidentielle. Et maintenant ?

En dehors de quelques exemples comme le Mali, le Sénégal et surtout le Ghana, l’Afrique nous libre un sombre tableau en ce qui concerne l’acceptation des élections pluralistes. On remarque toujours des divergences entre pouvoir et opposition sur la mise en œuvre des élections libres et transparentes. Aussi, les fameuses commissions indépendantes pour superviser ces élections apparaissent comme des institutions vides car elles divisent plus qu’elles ne rassemblent les politiques. Presqu’à chaque élection en Afrique, rares sont les gouvernements qui les organisent pour les perdre. Et du côté de l’opposition, on crie toujours à la fraude et à la magouille.

Au Congo, malgré la tension provoquée par les acteurs politiques qui se connaissent bien car fabriqués en majorité par le moule du parti unique d’avant la Conférence nationale de 1991, la présidentielle s’est passée sans incident gravissime. Dans un pays qui commence à se reconstruire après les différents conflits armés des années 90, force est de constater que les empoignades verbaux des acteurs politiques ont inquiété les Congolais des grandes villes. Plus la date fatidique approchait, plus la peur de l’incertitude gonflait dans leur cœur. Comment ne pouvaient-ils pas avoir peur et chercher à s’éloigner de la ville car déjà traumatisés par une guerre civile consécutive à une élection mal négociée entre pouvoir et opposition ?

Depuis l’installation de la démocratie pluraliste au Congo, le pays n’a pas échappé aux tensions idéologiques et même ethniques avec la naissance d’autres partis, créés en majorité par les transfuges de l’ancien parti unique. L’unité nationale sauvegardée par celui-ci a éclaté avec pour conséquence plusieurs groupements politiques fondés en général sur la région ou l’ethnie. Malgré la réussite des campagnes électorales du pouvoir et de l’opposition, il y a eu manque d’enthousiasme au sein de la population apeurée certainement par les discours menaçants de certains candidats qui déclaraient que si les conditions pour une élection transparente n’étaient pas réunis, il n’y aurait pas élection, ni pour le pouvoir, ni pour l’opposition. Une des raisons de l’abstention décriée.

Un constat après cette présidentielle : certains reportages de la presse étrangère ont filmé le triste quotidien du Congolais qui vit dans un pays paradoxalement riche. Et ce tableau sombre pourrait confirmer le seuil de pauvreté de la majorité qui vivrait avec un dollar par jour. Ces images devraient interpeller les politiques (pouvoir et opposition) après cette présidentielle. La paix retrouvée voici bientôt une décennie, il faut la consolider en privilégiant la sécurité sociale presque inexistante dans un pays riche comme le Congo. L’électricité, l’eau, les structures scolaires et hospitalières devraient être à la portée des Congolais. Malheureusement, les quelques progrès réalisés dans ce domaine des indépendances aux années 90, ont été annihilés par l’égoïsme de certains dirigeants politiques ; leurs antagonismes ont entrainé guerres civiles avec destruction de plusieurs infrastructures. Il est inadmissible que les populations supportent les conditions aléatoires de nos écoles et hôpitaux pendant que les politiques et certains individus nantis vont se faire soigner à l’étranger. De même l’école devrait donner les mêmes chances aux jeunes Congolais comme à l’orée des indépendances.

Après cette présidentielle, les Congolais, ayant connu des conflits armés à cause de la mauvaise répartition de leurs richesses, devraient essayer de développer leur pays par le système de départementalisation. Cette politique donne plus d’autonomie au peuple. Les départements entraineraient le développement  de tout le pays si on pouvait bien les contrôler. Le pouvoir devrait responsabiliser chaque chef de département qui serait élu objectivement par sa population. À lui serait confié le budget de certaines réalisations à effectuer dans le département en mettant à sa disposition des compétences dans les domaines appropriés. Aussi, la population de tous les départements serait directement concernée pour son développement par une émulation entre eux. Le politique pourrait envisager ce développement autocentré sans pour autant se sentir diminué dans la direction de ces départements. Au contraire, il serait « innocent » devant les populations quand il pourrait « punir » les cadres inconscients dans la gérance du budget à eux alloué pour les projets à mettre en œuvre dans leur terroir. Car on a souvent impliqué maladroitement l’Exécutif dans l’échec de certaines réalisations au programme pour le développement du pays car « incapable » de sévir les mauvais gérants à cause des affinités amicales et tribales. La classe politique congolaise changerait-elle de mentalité pour aborder ce sujet ? La départementalisation pourrait même paraître comme une voie qui résorberait ce cancer africain qu’est le réflexe ethnique qui n’a pas épargné le Congo.                                       

Après la cacophonie créée par le pouvoir et l’opposition, Les Congolais doivent faire un effort de changer de mentalité sur l’acceptation de la démocratie pluraliste. Des pays comme le Mali, le Sénégal, L’Afrique de sud et le Ghana ont montré la capacité de définir les règles du jeu convenables entre pouvoir opposition pour des élections plus ou moins justes et transparentes. Et le vainqueur a été toujours accepté et félicité par le vaincu. Pourquoi cette vision de la démocratie pluraliste tarde-telle à se réaliser au Congo ?

 

 

 

 

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