Le 12 décembre 2007

LA BANQUE MONDIALE REDÉCOUVRE L'IMPORTANCE STRATÉGIQUE

DE L'AGRICULTURE DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

La Banque Mondiale a publié le 19 octobre dernier "Le Rapport sur le développement dans le monde, 2008". Le rapport, le 30ème  de la série, préconise d'investir davantage dans l'agriculture dans les pays en développement. Il demande de placer ce secteur au centre des efforts pour réduire de moitié la pauvreté dans le monde d'ici à 2015, conformément aux OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement). Cette position d'une institution qui a été le maître d'œuvre des politiques d'ajustement structurel qui ont fait tant de dégâts à l'agriculture paysanne dans les pays en développement  constitue un revirement important.

En effet, le secteur rural, notamment l'agriculture paysanne, ne bénéficie plus d'investissements suffisants depuis au moins deux décennies. Alors que 75 % des deux milliards de pauvres (dont près de 820 millions souffrent de malnutrition) dans le monde vivent dans les zones rurales et que la plupart d’entre eux tirent, directement ou indirectement, leur subsistance de l’agriculture (Banque mondiale, 2008), seulement 4 % de l'aide au développement va à ce secteur dans les pays en développement. En Afrique subsaharienne les crédits allouées à l'agriculture ne représentent que 4 % des dépenses publiques totales. En conséquence dans beaucoup de pays, l'agriculture ne compte plus que pour une part marginale dans la formation du produit intérieur brut.

Cette situation est la conséquence du démantèlement des politiques agricoles imposé aux États par les institutions financières internationales au travers des programmes d'ajustement structurel. Compte tenu de son importance socioéconomique l'agriculture est le secteur où l'impact des politiques d'austérité a été le plus destructeur. Au Gabon et au Congo-Brazzaville par exemple, ces politiques ont conduit à une véritable " dépaysannisation" , la plupart des habitants des zones rurales ayant quitté leurs villages pour les centres urbains dans l'espoir d'y trouver un emploi. Ces deux pays ont aujourd'hui les taux d'urbanisation les plus élevés d'Afrique avec environ 70 % pour le Congo-Brazzaville et 80% pour le Gabon.

La liquidation des services de vulgarisation et des offices publics d'appui à la production paysanne, la désorganisation de la commercialisation des produits agricoles, le délabrement des infrastructures rurales de base suite à l'abandon des programmes d'entretien des équipements du fait des politiques d'austérité budgétaire d'une part, et la concurrence des produits importés rendus bon marché par les subventions d'exportation des pays producteurs d'autre part, ont fini par décourager les producteurs et vidé les zones rurales de leurs éléments les plus actifs découragés de produire un travail sans objet.

La Banque mondiale reconnaît maintenant que "l’agriculture est un instrument puissant pour entraîner la croissance, surmonter la pauvreté et renforcer la sécurité alimentaire". Il était temps. En effet dans la plupart des régions, le potentiel de croissance de l'agriculture est deux fois plus important que dans les autres secteurs.

Cependant, compte tenu des dégâts infligés à l'agriculture par plus de deux décennies de politique d'austérité, pour relancer le secteur et accélérer sa progression "il est indispensable de réaliser d’importants gains de productivité dans la petite agriculture et aussi de fournir un appui plus efficace aux millions qui survivent en pratiquant une agriculture de subsistance" (Banque Mondiale, 2008).

___________

Le Rapport sur le développement dans le monde 2008, est disponible à la Banque Mondiale.

Pour y accéder cliquez sur RDM 2008.

 

Vous souhaitez en savoir plus sur les OMD ? Cliquez ici


Copyright @ 2006-2012 Centre d'études stratégiques du bassin du Congo   -   Tous droits réservés