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Le 27 décembre 2008

Effondrement du secteur minier en

République démocratique du Congo

Par Aimé D. MIANZENZA,  Cesbc

Le ralentissement de la croissance mondiale, conséquence de le crise financière internationale, a provoqué un recul de la demande de matières premières de la part des plus gros consommateurs notamment de la Chine et des États-Unis. Ainsi de nombreux métaux ont vu leur cours s'effondrer entraînant dans leur sillage  de nombreuses firmes minières.

Les cours de métaux de base comme le cobalt, le cuivre, le platine, le plomb ou le zinc ont très fortement chuté depuis trois mois. Pour le nickel la chute est de près de 75% par rapport à leur niveau de 2007 ; ceux du  zinc ont chuté dans les mêmes proportions. Les cours du plomb ont reculé de plus de 60 %. En ce qui concerne le cuivre (Cathode de Grade A), après avoir culminé à  8 940 dollars la tonne (record historique) le 2 juillet 2008, son prix a dégringolé pour atteindre 2 849,5 dollars la tonne le 23 décembre 2008, soit une baisse de plus d'environ 68,4% (London Metal Exhange). Quant au cobalt qui cotait 52 dollars la livre en mars 2008, il s'échangeait à mi-décembre à 14,50 dollars la livre  en Amérique du Nord, 16 dollars la tonne en Europe (BHP Billiton, Cobalt Open Sales System).

Les pays où l'exploitation des matières premières apportent une contribution non négligeable à la formation du produit intérieur  brut sont ainsi très exposés face à la crise financière et économique qui est en train de se généraliser dans le monde. Dans ces pays, les sociétés minières ferment les unes après les autres. Certaines revoient leur stratégie en mettant en place des plans pour mieux contrôler les dépenses notamment en réduisant drastiquement leur personnel; d'autres reportent sine die l'extension de leurs activités en gelant les investissements. De nombreux projets sont purement et simplement annulés.

En République démocratique du Congo, des multinationales ont été obligées de mettre la clé sous la porte. Ainsi le groupe australien Anvil Mining opérant au Katanga a stoppé l’exploitation de sa mine de cuivre de Dikulushi, tandis que le sud-africain De Beers a arrêté l’exploration du diamant. La guerre civile qui prévaut au Kivu voisin et l'insécurité ambiante au Katanga n'est pas étrangère à cette décision. Toutefois, les cours actuels du cuivre, du cobalt (sous-produit de l'exploitation du cuivre au Katanga et en Zambie), du diamant, etc., ne permettent plus de rémunérer les facteurs de production. La fermeture de ces multinationales provoque l'effondrement de l'économie du Katanga en mettant en difficulté la situation des finances publiques nationales. Tous les acteurs de la filière minière sont touchés : les fondeurs, les creuseurs artisanaux, les comptoirs d'achat, les  négociants et l'ensemble des activités économiques et sociales qui vivent des revenus de la mines. Conséquence : au Katanga 200 000 personnes ont perdu leur emploi. Selon les estimations, ce nombre passera de 300 000 à 350 000 à fin décembre 2008.

Selon le FMI, la baisse des prix des principaux produits d’exportation, notamment le cuivre et le cobalt, a des conséquences néfastes sur l’activité économique et l’emploi, en particulier dans le secteur minier, tandis que la diminution des recettes et l’augmentation des dépenses de sécurité entraînent une dégradation de la situation des finances publiques, une baisse des réserves internationales et des pressions sur le taux de change.

Des perspectives redoutables se dessinent donc à l'horizon pour la stabilité générale de la République Démocratique du Congo, alors que le pays commence à peine à se relever des "décennies Mobutu", des multiples guerres civiles et des "années Kabila père" qui ont laissé le Congo exsangue.

 


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