Le 04 novembre 2007

 

 

L'ENSEIGNEMENT SOCIAL DE L'ÉGLISE

ET LA QUESTION DU DÉVELOPPEMENT

 

Les intellectuels chrétiens le reconnaissent volontiers : la question du développement (sous-développement et développement, inégalité du développement, développement et cultures), née de la décolonisation, a entraîné une ouverture internationale décisive de l'enseignement social de l'Église. L'enseignement social de l'Église est né de la rencontre du message évangélique et de ses exigences résumées dans le commandement suprême de l'amour de Dieu et du prochain et dans la justice avec des problèmes émanant de la société.

1. Les fondements de l'enseignement social de l'Église

Le 15 mai 1891, le pape Léon XIII publiait Rerum novarum. Le 2 mai 1991, Jean-Paul II son successeur sur la chaire de Saint Pierre publiait Centesimus Annus pour commémorer le centenaire de la première encyclique sociale de l'Église catholique. Entre les deux textes, plusieurs encycliques sont venues apporter leur pierre à l'édification de ce qu'il convient d'appeler le magister de l'Église catholique dans ses relations avec les systèmes économiques et sociales. Populorum progressio, du pape Paul VI, a fait date dans la doctrine sociale catholique. Cette encyclique est à mi-chemin entre le « coup de tonnerre » de Rerum novarum,  sous Léon XIII en 1891, et les prises de positions de Jean Paul II et Benoît XVI.

2. Les critiques

Des voix se sont élevées pour se poser la question de savoir si l'Église n'outrepassait pas sa mission en prétendant proposer un autre système d'organisation économique, une sorte de troisième voie, entre, ou au-delà, du capitalisme libéral et du socialisme marxiste.

3. La réponse de Jean-Paul II

En 1987, Jean-Paul II a répondu à ces interrogations et critiques. En effet, dans Sollicitudo Rei Socialis,  il écrit : " la doctrine sociale de l'Église n'est pas une troisième voie entre le capitalisme libéral et le collectivisme marxiste, ni une autre possibilité par les solutions moins radicalement marquées : elle constitue une catégorie en soi. Elle n'est pas non plus une idéologie, mais la formulation précise des résultats d'une réflexion attentive sur les réalités complexes de l'existence de l'homme dans la société et dans le contexte international, à la lumière de la Foi et de la tradition ecclésiale. Son but principal est d'interpréter ces réalités, en examinant leur conformités ou leurs divergences avec les orientations de l'enseignement de l'Évangile sur l'homme et sur sa vocation à la fois terrestre et transacendante. Elle a donc pour but d'orienter le comportement chrétien. C'est pourquoi elle n'entre pas dans le domaine de l'idéologie mais dans celui de la théologie et particulièrement de la théologie morale".

4. L'Enseignement Social de l'Église offre des principes de réflexion, des critères de jugement et des directives d'action pour des changement en profondeur des situations de misère et d'injustice.

Pour Antoine Hérouard, " le but de l'Enseignement social de l'Église n'est pas de proposer un système économique et social mais des critères de jugement et des directives d'action pour que les changements nécessaires soient accomplis."

Dans Populorum Progressio Paul VI écrivait que " L'Église n'a pas de solution technique à offrir face au problème du sous-développement comme tel. " En effet, elle ne propose pas de programmes économiques et politiques, elle ne manifeste pas de préférence pour les uns ou pour les autres, pourvu que la dignité de l'homme soit dûment respecté et promue et qu'elle-même se voie laisser l'espace nécessaire pour accomplir son ministère dans le monde (Sollicitude Rei Socialis 41).

Toutefois, en janvier 1986, dans Liberté chrétienne et libération, la Congrégation pour la doctrine de la Foi écrit :  "experte en humanité, l'Église offre par sa doctrine sociale un ensemble de principes de réflexion, et de critères de jugement et aussi des directives d'action pour que des changements en profondeur que réclamaient les situations de misère et d'injustice soient accomplis et cela d'une manière qui serve le vrai bien des hommes."

 

Orientation bibliographique

- La vie, n° Hors-série, en partenariat avec le Secours Catholique,  (2006)

3000 ans de charité.

- Congrégation pour la Doctrine de la Foi, (1986),

Liberté chrétienne et libération, Introduction de Marie-Dominique Chenu, les Éditions du CERF, 104 pages.

- Paul VI

Populorum progressio; Éditions diverses

- Conseil Justice et Paix (Vatican), (2005),

Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, Paris, Les Éditions du Cerf,

2005

- CERAS, (1994),

Le discours social de l‘église catholique de Léon XIII à Jean Paul II, Paris, Bayard/Le Centurion, 1994 et rééd., 878 pages.

- CALVEZ, J.-Y., (2003),

L’église et l’économie : la doctrine sociale de l’église, Paris, L’Harmattan,  120 pages.

- CALVEZ, J.-Y., (1999),

Les silences de la doctrine sociale catholique, Paris, L’Atelier, 160 pages.

 

 

 

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