CESBC - Centre d'études stratégiques du bassin du Congo


 

 

  

Aimé D. Mianzenza

BASSIN DU CONGO.

LA DÉFORESTATION S'ACCÉLÈRE

Des chercheurs du « Woods Hole Research Center » de Falmouth dans Maryland aux États-Unis ont publié en juin 2007, dans le cadre du projet « Système intégré de suivi des forêts en Afrique Centrale », un article qui montre une accélération de la déforestation en Afrique Centrale.

L'article intitulé « Expansion of Industrial Logging in Central Africa » s'appuie sur plus de 300 images du satellite Landsat couvrant 4 millions de kilomètres carré et permettant de suivre la progression des routes forestières entre 1973 et 2003. Avant ce travail, il y avait peu de données fiables disponibles pour le suivi de l'exploitation forestière aussi bien légale qu'illégale dans la sous-région.

Des données collectées, les chercheurs estiment que près de 30% des forêts d'Afrique centrale (deuxième massif forestier tropical de la planète après l'Amazonie) sont livrées à l'exploitation du bois. La construction des routes forestières est passée de 156 km par an entre 1976 et 1990 à 660 km par an depuis 2000 au Congo-Brazzaville et de 336 km par an entre 1986 et 1990 à 456 km par an entre 2000 et 2002 en RDC. Ces routes ouvertes pour l'abattage du bois représentent 38% de toutes les routes tracées.

Les chercheurs du Woods Hole Research Center indiquent que les coupes industrielles sont essentiellement sélectives. Elles portent sur des arbres à haute valeur ajoutée à l'export tels que les acajous africains. Ils montrent la relation directe entre la déforestation et le changement climatique. Selon ces auteurs,  chaque année, la déforestation tropicale engendre la même quantité de gaz à effet de serre (GES) que les Etats-Unis, soit plus de 20% des émissions mondiales de gaz carbonique (CO2). La destruction annuelle de 15 millions d'hectares de forêt équivaut à la libération de plus de 1,5 milliard de tonnes de carbone dans l'atmosphère.

Cette étude confirme en tous les points des rapports publiés par la FAO et des ONG environnementales comme Greenpeace, Global Forest Watch ou WWF. Ces rapports montrent tous une dégradation inexorable du couvert forestier dans le Bassin du Congo. Selon Greenpeace, la République démocratique du Congo  (63% des forêts du Bassin du Congo) pourrait perdre 40% de ses forêts; dans ce pays, d'ici à 2050, la quantité CO2 qui risque d'être injectée dans l'atmosphère du fait de déforestation dans risque atteindrait 34,4 milliards de tonnes.

Les forêts denses et humides du Bassin du Congo dont beaucoup sont en zones inondées ne sont plus aussi inaccessibles qu'il y a quelques années. Ces écosystèmes sont extrêmement utiles et précieux. Ils sont un bien public mondial parce qu'ils jouent un rôle capital dans la régulation de l’effet de serre, dans les grands équilibres climatiques et constituent le plus grand réservoir de biodiversité de la planète. L'accélération de l'ouverture des routes forestières comme le montre cette étude devrait accroître la déforestation et les menaces sur la biodiversité, bien public mondial.

Cette étude sur les routes forestières met à mal les déclarations rassurantes des pouvoirs publics et des industriels de la forêt opérant dans les pays du Bassin du Congo.

 

 

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