ÉCONOMIE

DIVERSIFICATION DE L’ÉCONOMIE :

QUELLE INDUSTRIALISATION POUR LE BASSIN DU CONGO ?

 

Par Aimé D. MIANZENZA

La diversification de l’économie est un thème qui apparaît régulièrement dans le discours des pouvoirs publics dans les pays du bassin du Congo. Pendant la période de reflux de la croissance économique et donc de celui des ressources, la diversification est placée au cœur de tous les débats de politique économique. Au cours de la décennie 80 et jusqu’à la fin de la première moitié des années 90, la stabilisation de la croissance économique et des revenus était un des résultats recherchés par la diversification en combinaison avec d'autres mesures de restructuration de l'économie mises en œuvre dans le cadre des politiques d'ajustement structurel. À partir de la deuxième moitié des années 90, la diversification devient une composante de la politique de lutte contre la pauvreté, un pilier stratégique des politiques de croissance favorable aux pauvres pour reprendre une rhétorique vugarisée par les institutions internationales spécialisées dans les interventions en milieu rural.

Dans le bassin du Congo, les économies nationales sont caractérisées par une très forte dépendance à l’égard d’un nombre limité de produits : le pétrole (Angola, Congo, Gabon, Guinée équatoriale), la production minière (République démocratique du Congo) et la production agricole (Burundi, Cameroun, Centrafrique, Rwanda, São Tomé & Príncipe), le pétrole et un produit agricole (Cameroun). Par exemple pour les pays à dominance agricole, selon la CNUCED sur la base d’un indice 100 en 1990, les termes de l’échange des produits agricoles africains sont passés de 185 en 1960 à 85 en 2000. Entre 1960 et 2002, la part des exportations africaines (hors Afrique du Sud) dans le commerce mondial est tombée de 0,9 % à 0,3 %. La diversification apparaît ainsi comme indispensable pour sortir de l’économie de « monoproduction », pour casser le poids exorbitant d’une poignée de produits sur les économies nationales.

Parmi les stratégies régulièrement évoquées par les gouvernements l’industrialisation tient une place prépondérante. En effet, les exportations des pays du bassin du Congo sont largement dominées par les produits à faible valeur ajoutée. Une industrialisation permettrait donc de valoriser substantiellement leurs exportations africaines à l’image de ce qui a commencé à se faire dans la filière bois, avec la mise en place de politique destinée à décourager l’exportation de bois en grumes. L’industrialisation des pays du bassin du Congo n’est donc pas à discuter dans son principe. En 2006, sept pays du bassin du Congo appartiennent sont classées par la CNUCED  dans la catégorie des pays moins avancés (PMA), c'est-à-dire de pays caractérisés par de faibles revenus par tête, une insuffisance de ressources humaines et le manque de diversification économique (Nations Unies 1971). Les besoins à satisfaire pour les populations sont donc énormes. Dans ce contexte, l’industrialisation est une nécessité.

Mais quelles seraient la finalité d’une telle industrialisation, les moyens à mettre en œuvre et les résultats attendus ?  S’appuyant sur l’histoire de l’industrialisation des pays développés et sur la théorie économique, l'article tente de répondre à ces questions.