FRANCE / IMMIGRATION / TEST ADN

 


Le 03 octobre 2007

LES PAYS D'AFRIQUE FRANCOPHONE REFLECHISSENT À UNE RIPOSTE.

LA COMMISSION DE L'UNION AFRICAINE CRITIQUE LE PROJET

Lors de son dernier voyage au Mali et au Bénin comme Ministre de l'intérieur et de l'administration du territoire, Nicolas Sarkozy a pu mesurer le fossé qui séparait désormais la France et ses anciennes possessions d'Afrique principalement en raison de la question  de l'immigration.

Ce fossé est née avec de la dévaluation du franc Cfa vécue comme une trahison par les dirigeants africains. Ensuite les divergences se sont accumulées au fil des années depuis 1994, avec notamment la réforme du Ministère de la coopération et le durcissement progressif de la politique d'immigration en France.

Avec le test ADN, la coupe semble pleine. Pour beaucoup en Afrique francophone (ces pays ont participé au référendum constitutionnel fondateur de la Ve République en 1958), le test ADN est une humiliation  de plus et une ségrégation qu'on tente d'imposer aux africains. Plusieurs présidents sont montés au créneau pour critiquer la disposition : Abdoulaye Wade du Sénégal, Alpha Oumar Konaré de l'Union africaine.

Dans un entretien accordé à l'AFP et à RFI à Addis Abeba, le président de la Commission de l'Union Africaine, Alpha Oumar Konaré, a déclaré à propos du projet de loi français relatif aux tests ADN pour les étrangers : " ces tests sont inacceptables au niveau éthique, moral et culturel ... ces tests ne sont pas conformes à notre conception de la famille, de la société, ni concevables du point de vue de notre conception de l'Homme... En Afrique, les relations familiales sont complexes et intimes, très différentes de celles (existant) dans les pays occidentaux et c'est cela qui fonde l'Afrique. Qu'on ne cherche pas à nous imposer certains types de valeurs."

Beaucoup de pays d'Afrique francophone réfléchissent maintenant à la possibilité d'appliquer la réciprocité en matière d'immigration vis-à-vis des ressortissants des pays de l'Union européenne. Le Gabon le fait déjà en partie.

On peut ainsi lire la tribune suivante dans Leader Africa :

" Les États Africains et les autres États dont les ressortissants sont visés devraient appliquer des mesures de réciprocité à l'encontre de la France et des autres pays européens qui pratiquent ce genre de tests. Ils devraient encadrer strictement les conditions de séjour des "expatriés" en Afrique et dans la Diaspora.

- Limiter la durée de séjour des expatriés d'ascendance non africaine à six ou huit mois avec obligation d'effectuer un transfert de compétence à des cadres ou techniciens locaux ; car le principe de " l'aide par des expatriés " ne doit pas être un phénomène perpétuel.

- Ne pas autoriser le rapprochement familial pour les "expatriés" d'ascendance non Africaine issus de ces pays, sauf exception; car pour le bien de leurs enfants, il vaut mieux qu'ils restent scolarisés dans leur pays d'origine en Europe. En cas d'exception, ils devront se soumettre à un test de vérification de la filiation et à un test d'évaluation culturelle sur l'Afrique.

- En écho aux déclarations de Nicolas Sarkozy sur le caractère génétique de certains comportements, soumettre à un test de détection de la pédophilie et de la tendance suicidaire tous les ressortissants Français d'ascendance non Africaine candidats à l'expatriation en Afrique. "

Si la menace devait être mise à exécution, concrètement, les non ressortissants des pays de l'Union africaine expatriés en Afrique se verront appliqués les mêmes dispositions que leur pays applique en matière d'immigration. Ainsi, un allemand, un  français, un néerlandais, etc., expatrié, qui souhaiterait faire venir sa famille au nom du regroupement familial devra prouver que son épouse et ses enfants parlent une des langues du pays où il est établi : bambara ou soninké (Mali), lingala, swahili, kongo ou téké (Congo), myéné, fang, kota, téké ou punu (Gabon), fang, douala ou bamiléké (Cameroun), wolof (Sénégal), etc. Par ailleurs, les enfants devront passer le test ADN pour prouver qu'ils sont les rejetons de leur expatrié de père.

 

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