DIOPHANTE TOMO


 

BITAM : LA PERLE DE LA FORÊT


 

  

 

Les gens du pays l’appellent « le grand nord ». C’est la province du Woleu-Ntem, du nom de deux fleuves qui coulent dans cette partie du nord gabonais.  Depuis Libreville, 45 minutes de vol ou 600 km de route sinueuse à travers l’épaisse forêt équatoriale et on atteint Bitam, « les sources » en langues fang, la perle de la grande forêt tropicale, étouffante et mystérieuse.

 

Ville frontalière, Bitam se trouve à une trentaine de kilomètres du Cameroun et presque qu’autant de la Guinée équatoriale (voir la carte). Selon les statisitiques officielles, souvent sujettes à caution, 10 000 à  15 000 âmes seraient bitamoises. Mais au Gabon, les chiffres….

 

Bitam,  est le berceau historique des Ntoumous, sous-groupe ethnique des Fangs, qui vivent dans le nord et le centre du Gabon. C’est une métropole moderne qui a gardé une relation émotionnelle très forte, au-delà du rationnel, avec la terre, la forêt, la nature en un mot. Malgré cela, la ville a su intégrer d’autres communautés africaines. Les Aoussas, musulmans venus du nord Cameroun et du Nigéria s’y sont établis il y a plus d’un siècle. À cause de la proximité géographique, Camerounais, Equato-guinéens y sont naturellement présents, puis venus de plus loin, Ghanéens, Béninois et Mauritaniens s’y sont progressivement installés, entretenant une activité commerciale florissante.

  

 

Région forestière elle est à l’image du pays, sans industrie, même si on pourrait y developper une agriculture tous azimuts. Cacao, café ont un temps fait, la renommée de la région, avant que l’État, dès le milieu des années 80, n’abandonne progressivement l’agriculture au profit de l’exploitation pétrolière. Les petits producteurs locaux qui en tiraient de maigres revenus se sont naturellement raréfiés. Plus tard, la région s’est essayée à l’hévéaculture. Mais très vite aussi, la faible taille des plantations, la vétusté des équipements, la faible productivité des unités installées et le manque d’industrie de transformation ont fini par asphyxier la production locale. Depuis, Bitam est devenue et malgré un énorme potentiel, un simple carrefour de passage. Chaque jour, venus du Cameroun, ce sont des dizaines de camion lourdement chargés de marchandises, dont des produits agricoles, qui passent les postes douaniers pour se rendre à Libreville, à 600 km au sud ouest. L’absence d’activités économiques pourvoyeuses de revenus pérennes a donc réduit l’économie locale à l’agriculture vivrière, une agriculture de qui oblige à produire d’abord pour sa propre survie, les surplus quand il y en a sont écoulés sur le marché de Bitam.

 

 

 

On pouvait penser que le statut de carrefour constituerait un handicap pour Bitam. Mais c’est sans compter sur l’attrait hospitalier réputé des Fangs. On vient de loin pour faire la fête à Bitam : de Minvoul, d’Oyem, du Cameroun voire de Libreville. La ville est un lieu d’effervescence perpétuelle. On raconte que Bitam ne dort jamais. Bars, boites de nuit, restaurants où on consomme que du gibier et la vitalité de la jeunesse entretiennent le mythe. En 2005 de la compagnie Air Gabon qui desservait la ville deux fois par jour depuis Libreville a cessé ses activités. Bitam a failli  être condamné à l’isolation. .

Mais comme le Sphinx qui renaît de ses cendres, la ville a su s’adapter. Le bitumage de la route a rendu la circulation plus fiable et plus rapide. Plusieurs « agences de voyages », proposant des services de transport ont fleuri. L’offre d’hébergement a aussi explosé. Le mythique « Hôtel des voyageurs » doit maintenant compter avec une concurrence d’une demi-dizaine d’hotels offrant un service plus qu’appréciable.

 

Depuis quelques années, Bitam s’est engagée dans un processus d’annexion des villages alentours. L’agglomération a donc grandi en même temps que l’offre de services publics : eau courante, éléctricité, éclairage public, éducation. De nouveux établissements scolaires dont un lycée à Bitam’akuing et un nouvel hôpital à Bifol’ossi, deux anciens villages devenus quartiers, ont été construits.

 

 

 

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