LE GABON

par

Aimé Dieudonné MIANZENZA

Économiste, Cesbc

 

La Gabon couvre 268 000 km² soit 0,88 % de la superficie de l'Afrique (30,3 millions de km²). En 2005, sa population s'élevait à 1 384 000 habitants ce qui représente 0,15 % de la population du continent estimée à 904,8 millions. Le Gabon est un pays faiblement peuplé.

Par la taille du PIB total, le Gabon n'est que la vingtième économie d'Afrique et la quatrième économie d'Afrique francophone en 2005. Cependant, la combinaison d'une faible population et de l'énorme rente tirée de l'exploitation des formidables ressources naturelles du sol et du sous-sol, permet au Gabon d'avoir un revenu par habitant de 3 995 dollars américains en 2005 (au prix constant de marché de 2000) soit cinq fois le revenu moyen en Afrique estimé à 795 dollars.  Le Gabon se classe est ainsi dans le groupe des pays à revenu intermédiaire. Mais, le pays présente des indicateurs sociaux comparables à ceux des pays à faible IDH.

Le Gabon est un pays cosmopolite, un pays métis, un pays de contradictions. Sa population, dont 50 % a moins de 15 ans, est urbanisée à 80%. Elle vit principalement dans la zone côtière, notamment dans l'Estuaire. C'est également là que se sont établies la plupart des 500 000 étrangers que compte le Gabon.

Ces caractéristiques font du Gabon un espace tout à la fois traditionnel et moderne, mais plein de contradictions.

  • Le Gabon est un pays traditionnel : le Gabonais  est très attaché à son terroir, à sa culture et à ses traditions. La prégnance des traditions culturelles est remarquable.

  • Le Gabon est également un pays moderne. La modernité puise ses sources dans le cosmopolitisme et le métissage,  c'est-à-dire dans l'ouverture sur le monde (sur la mondialisation ?) et sur l'étranger (l'autre). La tendance dominante est au mode de vie occidental : mode de vie afro-américain chez les jeunes, mode de vie européen chez les moins jeunes.

  • Le Gabon est un pays de contradictions. Les technologies les plus modernes de l'exploitation pétrolière, de l'information et communication cohabitent avec les sciences dites occultes : les cybercafés côtoient les étals de marchands de gris-gris, les religions traditionnelles font face aux églises chrétiennes, les guérisseurs prospèrent comme s'ils défiaient la médecine académique, etc.

Mais ces contradictions ne sont peut-être que des leurres qui permettent aux différents éléments d'échanger. La rue, les quartiers, les marchés, le sport, les médias, les productions littéraires, musicales, les arts de la scène, les arts plastiques, etc., témoignent de cette vivacité qui se renouvèle sans cesse.

Introduction

S'il existe un endroit où le mot baigner peut s'appliquer sans la moindre nuance, le Gabon est celui-ci. En effet, le pays baigne dans une forêt omniprésente partout étouffante. Sempervirente, semi-sempervirente, marécageuse ou secondaire, la forêt couvre environ 80 % du territoire gabonais. Du nord au sud et d'est en ouest, à l'exception des plateaux tékés, un  cours d'eau coule environ tous les six cents mètres.

Alimentés une pluviométrie annuelle qui varie de 3 000 à 3 200 mm dans le nord-ouest près de Libreville à 1 400 - 1 600 mm dans les plaines de l'Ogooué et de la Nyanga au sud-est du pays (pluviométrie moyenne est de 1 803 mm/an), ces cours d'eau forment un réseau très dense et hiérarchisé dominé par l'Ogooué, la Nyanga et le Komo.

La myriade des petits cours d'eau qui coupent les routes par endroits à la moindre averse, la densité de la végétation et la présence de deux massifs montagneux (les Monts de Cristal et le massif du Chaillu) qui partagent les pays en deux participent à rendre le milieu naturel très hostile voire problématique pour la construction des infrastructures de communication. Dans cet espace physique, l'eau et la végétation se mêlent et s'entremêlent pour donner naissance à des écosystèmes spécifiques marqués par une diversité des espèces génétique et écologique.

A. Caractéristiques physiques

Le Gabon a une superficie de 268 667 Km². Le pays, situé en Afrique centrale, partage ses frontières au nord avec le Cameroun, au nord-est avec la Guinée Equatoriale, au sud-est avec le Congo comme le montre la figure 1. A l’ouest le pays borde l’océan atlantique sur près de 800 km. Le pays présente une unité physique grâce à sa végétation et son réseau hydrographique très dense.

La végétation

La forêt qui couvre 80 % du territoire national (soit une superficie de soit 225 000 Km²) comprend la mangrove le long du littoral et la forêt sempervirente dense entrecoupée de quelques savanes.

Le relief

Le relief comprend trois zones géomorphologiques bien distinctes : la plaine côtière, les plateaux (au Nord et à l’Est, dont les Plateaux Téké), les massifs montagneux dont les monts des Cristal, le Chaillu et l’Iboundji qui culmine environ à 972 mètres.

L’hydrographie

Le réseau hydrographique dominé par l’Ogooué est composé de cours d’eau permanents. Le fleuve est alimenté par la Ngounié, l’Abanga, l’Okano Offoué, l’Ivindo son principal affluent, la Lolo, la Mpassa, la Lébombi, la Léconi, etc. Sur l’ensemble du territoire les rivières se succèdent quasiment tous les 600 mètres ce qui dote le pays d'un drainage extrêmement dense (Jean SAINT-VIL, 1981). Les principaux fleuves gabonais ne sont navigables toute l’année que dans leurs cours inférieurs : le Komo de Kango à Libreville ; l'Ogooué de Ndjolé à Port-Gentil et la Nyanga. Trois bassins drainent le pays : le bassin de l’Ogooué, le bassin de la Nyanga et le bassin de la Komo.

-    Le bassin de l'Ogooué (215 000 km² dont 10% environ est situé hors du territoire national). Le fleuve d’une longueur totale d’environ 1 000 km prend sa source au Congo. Les principaux affluents sont l'Ivindo et la Ngounié.

-      La Nyanga a un bassin versant de près de 22 000 km² dont 80% environ situés au Gabon. Le fleuve prend sa source dans les Monts Birougou (Massif du Chaillu), rejoint l'Atlantique après un parcours de 600 Km.

-    Le Komo a un bassin-versant de 5 000 km². Le fleuve prend sa source en Guinée-Equatoriale. Il a une longueur de 230 km. Son cours principal couvre une superficie d'environ 3 200 km².

L’omniprésence de la végétation, la succession de cours d’eau qui ont tendance à déborder à la moindre averse et la topographie par endroit très tourmentée rendent le développement des infrastructures routières très onéreuses.

Le climat

On distingue trois régions climatiques. Dans le nord, on rencontre un climat équatorial typique caractérisé par quatre saisons, deux pluvieuses (septembre à décembre et de mars à juin) et deux saisons sèches qui s'intercalent aux saisons des pluies. La région centrale est la zone du climat équatorial de transition de zone centrale, caractérisé par une très grande saison des pluies qui laisse peu de place à la petite saison sèche et une grande saison sèche bien marquée. Au Sud-Ouest et sur le littoral on rencontre un climat équatorial de transition caractérisé par une longue saison sèche de 4 à 5 mois.

B. Population

Selon le recensement général de la population et de l’habitat de 2003, le Gabon comptait 1 520 911 habitants[1] (dont la moitié environ a moins de 15 ans) ce qui correspond à une densité moyenne de 4,7 hab./Km². Cette population se concentre à 80 % en zone urbaine, essentiellement à Libreville, Port Gentil et Franceville. Par ailleurs, les trois cinquièmes des habitants vivent dans la zone côtière alors que l’intérieur du pays est quasi inhabité.

Le Gabon compte près d’une quarantaine de groupes ethniques divisés en une centaine de sous-groupes apparentés parmi lesquels il ya : les Adoumas, les Kota, les Batékés, les Kwele, les Shira et les Mpongwés (cf. tableau 3). Les Fang, habitant le Nord, représentent environ un tiers de la population gabonaise.

Les mouvements migratoires internes récents ont tendance à modifier la localisation primaire de certaines ethnies. Par exemple, quelques villages Punu sont signalés entre Kango et Bifoun et entre Bifoun et Lambaréré. Les spécialistes des questions migratoires interprètent ces implantations comme une simple étape. La destination finale étant Libreville.

Grâce à ses énormes ressources naturelles, le Gabon est considéré comme un eldorado en Afrique subsaharienne. Le pays attire une importante main-d’œuvre étrangère en provenance de nombreux pays africains et de l’Europe. La plupart des cadres des entreprises pétrolières ou minières sont européens, notamment français. Cette dernière population est estimée à 20 000. Au total on estime à 500 000 personnes la population immigrée (près d’une centaine de nationalités) du Gabon. Les Pygmées, premiers habitants du pays ont été longtemps marginalisés. Ils ne sont plus que quelques milliers

Revenu par tête

Le Gabon présente un revenu de 3 995 dollars américains par habitant en 2005 (au prix constant de marché de 2000) soit 5 fois le revenu moyen par habitant en Afrique estimé à 795 dollars. Cependant, ses indicateurs sociaux sont comparables à ceux des pays à faible IDH. Le Rapport sur le développement humain 2005 classe le Gabon au 124e  rang sur 177 pays alors que, compte tenu de son niveau revenu par tête, il devrait plutôt se situer au 104e rang.

Tableau 1. Indicateur de développement humain dans le bassin du Congo

Pays

2003

2004

IDH

Rang sur 177 pays

IDH

Rang sur 177 pays

Guinée Equatoriale

0,655

121

0,653

120

Gabon

0,635

123

0,633

124

São Tome e Principe

0,604

126

0,607

127

Congo Brazzaville

0,512

142

0,520

140

Cameroun

0,497

146

0,506

144

Rwanda

0,450

159

0,450

158

Angola

0,445

160

0,439

161

RD Congo

0,385

167

0,391

167

Burundi

0,378

169

0,384

169

Centrafrique

0,355

171

0,353

172

Source : PNUD, Rapport mondial sur le développement humain 2005, pp. 237-238; Rapport mondial sur le développement humain 2006, pp. 285-286.

Cette situation s’explique par le manque d’efficience des services sociaux et par le délabrement des infrastructures sociales et sanitaires. Par ailleurs, la marchandisation des services de base limitent l’accès à la santé, à l’éducation et à l’eau potable d’une grande partie de la population.

C. Organisation politique et administrative

Le Gabon a accédé à l’indépendance le 17 août 1960. Il est une république démocratique et laïque, qui reconnaît le pluralisme politique.

Présidence de la république

Le Président de la république est élu pour un mandat de sept ans renouvelable. Le pays a connu deux présidents depuis son indépendance : Léon Mba de 1961 à 1967 et Omar Bongo Ondimba qui lui a succédé depuis le 2 décembre 1967, aux termes de la Constitution du 21 février 1961.

Pouvoir législatif

Le pouvoir législatif est réparti entre le Sénat qui compte 91 membres élus pour 6 ans et l’Assemblée Nationale qui comprend 120 membres élus pour 5 ans.

Pouvoir judiciaire

Le pouvoir judiciaire comprend la Cour Constitutionnelle, la Cour judiciaire, la Cour administrative, la Cour des comptes et la Cour d’Appel.

Organisation administrative

Le pays est divisé en neuf provinces (cf. figure 2) dirigées chacune par un gouverneur nommé par le Président de la République. Chaque province est à son tour subdivisée en départements, chaque département en districts, chaque district en cantons, chaque canton regroupant plusieurs villages. Ces diverses circonscriptions sont respectivement administrées par un gouverneur, un préfet, un sous-préfet, un chef de canton, un chef de village.

Figure 1. Division administrative

 

 Province

 Chef-lieu

1.EstuaireLibreville
2.Haut-OgoouéFranceville
3.Moyen-OgoouéLambaréné
4.NgouniéMouila
5.NyangaTchibanga
6.Ogooué IvindoMakokou
7.Ogooué LoloKoulamoutou
8.Ogooué MaritimePort-Gentil
9.Woleu NtemOyem

 

Langues

Le français est la langue officielle du Gabon. C'est la langue de l’administration, des médias, de l’éducation et des affaires. Il est également la langue qui permet aux différentes ethnies gabonaises de communiquer entre-elle. En effet aucune langue gabonaise ne remplit ce rôle au niveau national. Cependant localement la langue de l’ethnie dominante sert de langue vernaculaire : le Fang dans le Woleu Ntem, le Punu dans la Ngounié, le Myéné à Port-Gentil, le Téké à Lékoni, etc.

A suivre ..............

 

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[1] Recensement de 2003 : chiffres revus par la Cour constitutionnelle et entérinés par le Conseil des Ministres du 17 mars 2005.

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