Jean Pierre BANZOUZI

Ancien enfant de choeur : Promotion 58 - 59

Anniversaire des Enfants de choeur de Saint-Pierre CLAVER de Bacongo

 Avril 2001

 

 

 

 

 

 

L'histoire des enfants de choeur et à travers eux l'histoire de l'avènement

des pères de la société du très Saint Sacrement à Saint Pierre CLÀVER de Bacongo

 

 

Introduction

 

En effet, pour faire l'historique de cette paroisse et celle des Enfants de choeur, nous pensons pour notre part qu'il serait nécessaire de faire cette étude à la lumière des travaux universitaires et des homélies prononcées à Saint-Pierre CLAVER, respectivement le 12 novembre 1970 et le 23 avril 1972 à la consécration de cette église Saint Pierre CLAVER par le Cardinal Emile BIAYENDA.

 

Genèse :

 

La paroisse Saint Pierre CLAVER de Bacongo est une juridiction spirituelle de l’Archidiocèse de Brazzaville, annexe, à l'époque de la paroisse Notre Dame de Bacongo.

 

Elle a été créée le 14 octobre 1951. La bénédiction et l'inauguration de cette annexe a été faite par Monseigneur Paul BIECHY, vicaire Apostolique de Brazzaville et le premier prêtre qui va y aménager aussitôt est le père Maurice RAMAUX suivi du père Philippe David en février 1953. C'est au moment et surtout à cause de la croissance spatiale et démographique de ce quartier indigène dénommé à cette époque « Bunsana bwa nkokela » ou « Tribulations du soir » ou encore « Tristesses du soir »

 

Cette histoire va se faire pour cela en deux temps.

 

La première partie va se lire et s'écrire à travers les études universitaires du Cardinal Emile BIAYENDA et ses homélies à Saint Pierre CLAVER avons-nous dit.

 

La deuxième partie concernera les différentes générations et promotions des Enfants de choeur de 1951 à ce jour.

 

Pourquoi ?

 

De la paroisse Saint Pierre CLAVER va naître un nouvel environnement socio-culturel avec des espaces comme la paroisse, l'église, l'école et l'avènement d’autres milieux de sociabilité et d'éducation dans cet ancien quartier indigène. Avec « Bunsana bwa nkokela » les espaces de définitions et d'éducation qui ne se délimitaient essentiellement qu'a la famille ou à la maison, au quartier à la rue (nouvel espace) dans un environnement où il n'y avait que le Mbongui (espace privé), le Zandu ou le marché (espace public), les groupes de loisirs etc... vont s'étendre.

 

Nous appuyer sur les travaux de notre père Cardinal (dire qu'on voit moins souvent en lui l'homme de science qu'il fut).

 

Le Cardinal Emile BIAYENDA était un sociologue de talent ; son passage aux Facultés Catholiques de Lyon fut couronné par une thèse de doctorat de sociologie sur les «Coutumes et développement chez les Bakongo du Congo-Brazzaville » (1968). Mais également en deux homélies (véritables enseignements spirituels) prononcées la première aux prêtres Religieux et Religieuses et aux fidèles chrétiens, le 12 novembre 1970, l'autre, lors de la consécration de l'église de Saint Pierre CLAVER de Bacongo, le dimanche 23 avril 1972.

 

Ces travaux de sociologie nous apportent une lumière et partant nous permettent d'avoir une grille de lecture pour mieux faire la radiographie de cet ancien quartier indigène, appelé « Bunsana bwa nkokela » (à coté du quartier Dahomey et Aviation).

 

« Bunsana bwa nkokela » va progressivement s'appeler Saint Pierre CLAVER, son nouveau nom de baptême, qui prendra corps défitivement. Donc nouveau-né du grand Bacongo. « Bunsana bwa nkokela » évoque la période phare de la religion matsouaniste, ce mouvement syncrétique qui va faire parler de lui à Bacongo. Ainsi dans les années 1950, (la paroisse Notre Dame est créée en 1949) un fidèle et adepte d'André Grenard MATSOUA. Monsieur Fidèle NZOUNGOU, ancien technicien à l'imprimerie officielle de l'A.E.F., crée la religion matsouaniste et son temple ou sa chapelle, s'érige en face de l'Eglise Notre Dame de Bacongo, au N° 2 de la rue Voltaire face à l’Eglise Notre Dame. Au moment où (souvent) les offices religieux catholiques se déroulaient, Fidèle NZOUNGOU, ce « pasteur » ou « prêtre » matsouaniste commençait aussi ses offices. Les prêtres catholiques de la paroisse vont s'enflammer et entrer en colère (c'est l'époque du Père le BADEZET) et dire que cette chapelle était juste en face. Pour cela l'administration coloniale va mettre à la disposition des matsouanistes le terrain Mpissa appelé Palmeraie Mpissa appelé également « Maba ma MPissa » devenant sanctuaire célèbre, c'est donc dans « Bunsana bwa nkokela » qu'on éloigne cette chapelle de Bacongo. Quelques temps après, un schisme apparaît dès la disparition du leader spirituel et charismatique Fidèle NZOUNGOU.

 

Très vite, se crée, une religion à trois visages (à trois branches).

 

1- Tata Laurent (avec les corbeaux) : portant; des habits noirs '

2- Tata BARIKA (ce sont les pigeons)

3- Tata TSIAKAKA (habillé en kaki tenue militaire) rappelant les tenues de MATSOUA (ancien douanier ou encore affiliés aux militaires)

 

Voilà donc décrit l'environnement socio-culturel de cet espace de « Bunsana bua nkokela ».

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Saint Pierre CLAVER devient un nouveau milieu de socialisation et d'éducation pour les jeunes de ce quartier dont les enfants de choeur.

 

Voici donc quelques définitions de concepts : La Socialisation et l'Education

 

1) La socialisation

 

La socialisation concerne le développement progressif de l'enfant depuis sa naissance et selon son âge, dans son environnement socio - géographique (rue, quartier, village ou ville) et ses différents milieux de vie (famille, école, paroisse, autres institutions de loisirs, ou de tranches d'âge (écoles parallèles).

 

La socialisation inclut de plus les mécanismes par lesquels s'effectue la transmission de vénération des modes de vie, des savoir, des savoir faire, des valeurs, des us et coutumes, selon les différences liées aux classes sociales, aux milieux, aux types de culture. L'avènement de la paroisse Saint Pierre QLAVER va permettre ai la définition de la notion elle-même de varier.

 

La définition la plus ancienne d'origine sociologique, jnet L'accent sur la nécessite d'imposer à l'enfant un apprentissage, de lui inculquer les normes pour que, devenu adulte il puisse remplir des rôles attendus et assignés. Dans ce nouveau milieu de socialisation la paroisse Saint Pierre CLAVER va devenir un milieu d'éducation sujet traité par le Cardinal dans sa thèse de sociologie (Coutume et développement chez les Bakongo du Congo Brazzaville, (1968).

 

2) L'Education

 

Le Cardinal dans sa thèse, parle des Agents de l'éducation. Il rappelle qu'avec la disparition du « Mbongui » où l'enfant recevait: conseils et avis. C'était l'âme du village et que c'est au « Mbongui » que l'enfant recevait la plus grande part de son éducation, malheureusement le « Mbongui » a disparu. Mais avec l'avènement de l'espace de la rue, est apparu, un nouveau lieu de socialisation, autour du kiosque, cet objet de commerce planté dans la rue sauvagement.

 

Le Cardinal parle de toute une manière de vivre, de penser, d'agir. En ce temps: de transition qui se fait petit à petit, qui réclame de chacun d'entre nous une attention et une réflexion pour pouvoir répondre à nos responsabilités d'éducation pour faire! La lumière sur ce problème le Cardinal souligne quatre points saillants à savoir : l'aide de Dieu, la responsabilité des parents, la responsabilité de l'Etat et la responsabilité de l'Eglise.

 

Le Cardinal Emile BIAYENDA reconnaît que l'Education est une rude épreuve, une tâche délicate, difficile. L'Education est un véritable enfantement (et que vont subir les enfants de choeur avec l'avènement des Pères du' Saint Sacrement véritable inculturation. véritable enfantement qui dure toute la Vie (parce que toute vie est éducation). C'est une épreuve, comme le dit si bien Saint Paul : « Dieu nous, donne clans cette épreuve et les moyens de résoudre nos problèmes d'éducation et la force de les surmonter ». C'est en cela que se comprend l'assistance divine, l'aide divine envers les éducateurs dans leur noble tâche. Le Cardinal en disant que c'est aux parents qu'incombé en priorité le droit de définir le type d'éducation propice pour leurs enfants, cependant dit-il l'Education ne se limite pas a la maison, elle se poursuit à l'école et à la paroisse.

 

Finalement, « l'éducation, c'est toute la vie de l'enfant, c'est la maison c'est la paroisse, c'est le mouvement de jeunes, c'est le: terrain de sport (en l'occurrence à Saint Pierre CL AVER il y avait le stade Paul BIECHYJ).

 

Enfin l'éducation c'est aussi les parents, les enseignants, les responsables des mouvements de la jeunesse. Dans le dessein de Dieu en matière de développement, ajoute le Cardinal, chaque homme est appelé à se développé car toute vie est vocation. Leur épanouissement fruit de l'éducation reçue du milieu et de l'effort personnel, permettra à chacun de s'orienter vers sa destinée que lui propose son créateur. Le développement intégral de l'homme par une éducation dans un cadre familial équilibré et dans une nation unie que l'homme acteur du développement économique et social peut constituer à la tâche de la construction de ladite nation ».

 

Dans le journal, la mémoire n°49 octobre 2003, le mot paroisse (pour mieux illuminer l'avènement de la paroisse Saint Pierre CLAVER de Bacongo) signifie étymologiquement « Eglise entre les maisons » (Nzo NZambi gâ kati dia Nzo za Bantu ou GÂ kati dia Gâta) ou « Eglise en marche » parmi les tribulations des gens. En dehors des analyses de sa thèse qui nous permet de comprendre notre enracinement en ces nouveaux espaces de sociabilité. Il prononce aussi deux homélies qui sont pour nous encore très; vivaces, aujourd'hui, deux véritables enseignements spirituels qui vont nous amener à une découverte profonde de la spiritualité de ce nouvel édifice (Saint, Pierre CLAVER), avec le sens pédagogique des architectes ou dans cette église tout nous porte et nous centre sur l'essentiel : l'autel et le Saint Sacrement. Dans l'homélie du 12 novembre 1970, il se soucie de la vie de famille vraie, le souci de la formation et de l'éducation des enfants. Le souci et la fierté de la jeunesse de bien, se former et d'avoir un idéal de vie centré sur le Christ, un effort de prière pour aider les enfants à se donner au service de Dieu, de l'église et des hommes, leurs frères. Il demandait aux mouvements d'Apostolat de continuer à être actifs et notamment les enfants de chœur ; il avait prié pour les enfants de choeur et tentes les familles de la paroisse. Il montrait combien nos prêtres sont dynamiques ; prêtres de la société du très Saint Sacrement qui mettent leur zèle et centrent leurs efforts d'Apostolat autour de la Sainte Eucharistie et du très Saint Sacrement (accompagner j'ajoute par les enfants de choeur) dans tous ces exercices spirituels en ce lieu devenu disait-il un lieu de pèlerinage pour prier et adorer notre seigneur. En bon guide spirituel, il y invitait les chrétiens en cet édifice tout en pierres, en matériaux durables.

 

On peut s'y donner à Dieu tout puissant par une prière, un acte; solennel tout particulier ; celui de la consécration. Des lieux de culte livrés par une telle liturgie au service du Seigneur Saint Pierre CLAVER aura été le premier et l'unique jusqu'à ce jour dans notre diocèse. !

 

A nous tous comme les juifs autrefois il invitait à venir, d'entrer avec allégresse dans cette maison du seigneur dans ce temple, de la maison des esprits qu'on appelait « NZO BANSITA » lui, qui parmi ses activités au village, très jeune à MALELA BOMBE, quand il n'allait pas encore à l'école, lui qui n'accompagnait pas non plus les chasseurs. Il était le gardien de la petite case dédiée aux esprits des-ancêtres, situé au milieu du village. C'est ainsi qu'il demandait que ce nouvel édifice religieux ne soit pas qu'un simple monument sans âme. Dans cet édifice où tout nous parle et veut nous enseigner dans ce temple, la beauté, la splendeur, l'audace des lignes et leur finesse, témoigner de la profondeur de la foi ceux qui ont conclu et qui ont fait réaliser une pareille entreprise. Le clocher qui monte si haut, par son audacieuse flèche, que l'on voit de partout soit aussi l'image de vous-mêmes, de votre rayonnement apostolique.

 

Cet édifice, centre de rayonnement d'une vie chrétienne, authentique et vivante, dès les années 1966, cet oratoire de formation d'initiation pour tout enfant de choeur s'y engouffrant va subir pour chacun de nous, un passage à l’électrolyse. Outre l'intermède de 1951 à 1959, la période des pères du très Saint Sacrement va permettre à nous jeunes enfants de choeur de passer par des rites de passage (les messes, les oratoires, les autres exercices spirituels. L’adoration et le salut au Saint Sacrement et autres).

 

De là peut-on dire, que ce passage par la paroisse Saint Pierre CLAVER et aux, pères du très Saint Sacrement, va être une véritable école initiatique qui va façonner nos différentes personnalités (d'enfants de choeur) à travers nos différents parcours, au sortir de cet itinéraire. Ce rite de passage d'un enfant de choeur, de servant de messe, en ce lieu qu'il définissait, le Cardinal, comme étant devenu je cite :

 

(« Vous êtes devenu un lieu de pèlerinage où arrivent les chrétiens d'autres paroisses, pour prier et adorer, notre Seigneur »... Celui qui touche au parfum en garde la bonne et suave odeur dans ses mains. Dis-moi qui tu hantes et je te dirai qui tu es. Ainsi, de vous qui côtoyez sans cesse le Seigneur dans les sacrements et la liturgie qui ont lieu ici)