CesbcPresses

Indicateur éditeur  979-10-90372

Centre d'études stratégiques du bassin du Congo = ISSN  2493-5387

 

 
 

 

 

 

 

 

 


 

 

Cité de Loango

au XVIIe siècle

Source : DAPPER, Olfert, (1668), Description de l'Afrique, Amsterdam

 

 


 

Nègre rebelle en faction

Source : Johnson, J., (1792)

Extrait de : Narrative of a five years'expedition against the revolted negroes of Surinam in Guiana, on the wild coast of South America from the year 1772 to 1777, elucidating the history of that country and describing its productions with an account of the Indians of Guiana and negroes of Guinea... Tome 2 (p. 88)
 

 


 

 

Maria de Fonseca

Favorite de Msiri

Illustration de Edouard_Riou

In : Édouard Charton  (1892), Tour du Monde Magazine

 

 

 

 

 

 

Arsène Francoeur NGANGA

 

 

La traite négrière sur la baie de Loango

pour la colonie du Suriname

Préface du Professeur François LUMWUAMU

Évry, CesbcPresses, Septembre 2016, 212 pages

Collection Monde Vivant

 

ISBN : 979-10-90372-30-6

 


 

 

INTRODUCTION

 

La baie de Loango, une partie de la côte atlantique Africaine qui va du Cap Lopez au sud du Gabon à l’embouchure du Congo, anciennement façade maritime du Royaume de Loango, fut une côte particulière durant la période dite de la « traite négrière transatlantique ». Entre le XVIIe et le début du XIXe siècle, elle a été une zone de traite libre et une baie d’embarquement de captifs venant de l’intérieur de l’actuelle sous-région de l’Afrique Centrale. La baie de Loango faisait partie de ce que l'on appelait la côte d'Angole. Selon Louis Marie Joseph Ohier de Granpré, un officier de marine français, la côte d'Angole était un terme générique qui réfère à tout le pays situé entre le Cap Lopez-Gonzalvo (Gabon) et Saint-Philippe de Benguela (Angola), c’est à dire de 0°44' latitude sud, jusqu'à 12°14 au sud. L’Abbé Bonaventure Liévin Proyart (1774), qui y a séjourné, a laissé des témoignages sur l’organisation de la traite à Loango.

À côté des Néerlandais qui furent présents dès le début du XVIIe siècle, Français et Anglais ont été actifs sur la baie de Loango respectivement en 1672 et 1783. Par la baie de Loango, le transport du bétail humain « Bois d’ébène » était moins long pour atteindre les Amériques où les captifs étaient transformés en main-d’œuvre servile pour la production du sucre et du café. C’est dans cette optique que les Provinces-Unies avec leur puissant instrument de négoce, la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales embarqueront des milliers de captifs à partir de la baie de Loango pour le littoral des Guyanes en Amérique du Sud, principalement dans la colonie du Suriname (Guyane néerlandaise). Cette colonie était administrée par l’une des familles les plus riches des Pays-Bas du XVIIe siècle, la famille Van Sommeldijk dont Aerssen Van Sommeldijk fut gouverneur du 28 octobre 1683 jusqu’à son assassinat le 19 juillet 1688 à Paramaribo, capitale de la colonie du Suriname.

Le Suriname a été la colonie de plantation la plus prospère de toute l’Amérique du Sud à la fin du XVIIIe siècle. Elle a été la plus précieuse des colonies néerlandaises, grâce aux bénéfices obtenus par la production de cacao, de sucre, de café et de coton. Des planteurs de toutes les nationalités de l’Europe du Nord y ont vécu, la technique et la méthode des plantations du sucre y étaient poussées au plus haut point. Une partie de la population des esclaves de cette colonie qui se réfugiera dans l’hinterland surinamien finira par s’établir dans l’actuelle Guyane française où ils constituent en 2014 environ 26 % de la population descendante d’esclaves. Ils constituaient à ce titre une composante majeure de l’histoire du peuplement de ce territoire français d’Amérique du Sud.

Cette étude cherche à mettre en lumière chronologique, historique, anthropologique, linguistique et dialectologique sur le déracinement des esclaves d’Afrique Centrale embarqués via la baie de Loango pour la colonie du Suriname, ainsi que de ceux qui se sont établis en Guyane française. Elle vise aussi à mettre en avant les ressentis de cette population à travers les mouvements insurrectionnels contre le catéchisme colonial. Enfin elle met en exergue les survivances linguistiques et religieuses dans le Suriname d’hier et d’aujourd’hui, à partir des travaux académiques sur les sociétés maronnes des Guyane. La majeure partie de ces travaux est due à des chercheurs américains ou néerlandais : De Veenstra Tonjes, Thoden Van Velzen, Cornelis Goslinga, Jan Voorhoeve (…). On peut également citer les recherches de Richard et Sally Price, du père de l’anthropologie américaine, Melville. J. Herskovits et son épouse Frances Herskovits. On n’oublie pas non plus les recherches linguistiques sur la présence du kikongo dans le dialecte surinamien du Saramacca de Jan Daeleman, ainsi que celles de Smith Norval, etc.

Bien que l’histoire s’écrive avec des documents, les autres territoires de la mémoire ont été explorés à travers des enquêtes de terrains pour confronter les informations documentaires à la réalité sur le terrain. Cette approche soutenue par une critique rigoureuse. Elle a permis de soutirer les éléments épiques afin de peindre une vérité à la manière de Thucydide qui écrivait l’histoire dans l’objectivité la plus rigoureuse, l’impartialité la plus éclatante et en expliquant les causes les plus profondes. En effet, la science historique est un art subtil qui présente les événements sous une forme intégralement objective, sans plus intervenir qu’un peintre peignant un paysage et de donner pourtant son sentiment, comme le fait ce peintre dans le domaine affectif (1990).

L’utilisation de l’interdisciplinarité a été donc très significative avec la linguistique historique, la sociolinguistique et l’ethnographie parce qu’il est possible de combler les doutes qui planent sur certains faits et agissements des hommes du passé. Les analyses linguistiques en conjonction avec la tradition orale conduisent à reconstruire avec une quasi-exactitude, l’histoire culturelle et sociale d’une région, surtout l’interprétation des récits relevant de la tradition et de l’histoire orales de manière à en conserver l’intégrité et la signification culturelle. C’est ce que l’on appelle la méthode des mots et des choses qui amène à considérer la langue comme une source historique en cas d’absence des documents et pour une interprétation effective du fait historique. La promotion de la linguistique comme l’une des disciplines clés de l’historiographie africaine et africaine-américaine est incontournable à cause de l’absence d’écrits durant les époques les plus reculées en ce qui concerne le continent africain (2004).

 

 

 
   

 

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