Luisito Ventura

Expert en Éducation

Représentant du Cesbc dans les Caraïbes

  

Qu'est-ce que la violence chez le sujet joueur de football

Quand nous parlons de la violence dans le football, il nous est impératif de réfléchir à ce phénomène de société avec une approche systémique en prenant en compte l’affaiblissement des rapports sociaux entre les différentes composantes de la société expliquant la disparition des traditions puisque la famille ne joue plus son rôle dans la transmission des valeurs.

Approche systémique

L’approche systémique repose sur trois principes fondateurs, celui de l’interaction, de totalité et de rétroaction :

Cohésion sociale

Parler de violence c’est dire ou signifier que la cohésion sociale est entamée.

Trois critères définissent la cohésion sociale :

  1. L’Éducation : l’école prend en charge l’Éducation de plus en plus de jeunes pour une durée de plus en plus longue, dépassant largement l’âge de la scolarité obligatoire. Cependant paradoxalement, elle apparaît de moins en moins comme un lieu de socialisation globale en se centrant exclusivement sur la transmission des connaissances;

  2. La Tradition : la famille, institution la plus à même de transmettre les traditions, ne joue plus que faiblement ce rôle. Elle devient de plus en plus un lieu où parents et enfants se vivent en situation égalitaire, établissant des rapports où la négociation des normes en cours de définition tient une part aussi large que la transmission de valeurs traditionnelles;

  3. La Paix Sociale a été régulièrement remise en cause en France dans la dernière décennie notamment à l’occasion de conflits avec des jeunes qui traduisent souvent un problème d’inscription et de reconnaissance au plan local. L’espace local ne fonctionne plus comme un lieu collectif, multigénérationnel et surtout comme  espace créateur de normes collectives : il est traversé par des frontières internes (quartiers, centres commerciaux, etc.) dont le franchissement vaut casus belli (acte de nature à provoquer la déclaration de guerre).

Lien entre la psychologie de l'éducation et la violence

Du point de vue de la psychologie l’apparition de la violence c’est la disparition de la motivation à apprendre. Cette disparition prend des formes diverses :

Le football demeure un jeu, un plaisir de s’amuser, surtout, quand le sujet, l’acteur a le statut de joueur amateur.

Quand il y a de la motivation à apprendre, l’adolescent, le jeune adulte ne peut être traversé par la violence.

Les indicateurs d’engagement du sujet, du joueur de footbal permettent de parler :

Il n’y a pas un concept avoir confiance en soi mais il existe des concepts qui expliquent qu’un sujet, qu’un footballeur a confiance en lui, en ses compétences techniques et capacités physiques.

Tout d’abord, le «sentiment d’efficacité personnelle» désigne la croyance qu’a quelqu’un de sa capacité à agir sur lui-même, sur son environnement social et sur les évènements de sa vie. Dans les théories sociocognitives, cette croyance est véritablement au cœur de la motivation et de ses manifestations. Si le joueur n’est pas convaincu qu’il peut activement atteindre ses objectifs ou éviter ce qu’il ne veut pas, aucun footballeur ne tentera d’agir ou de persévérer en cas de difficultés (litige, opposition avec l’arbitre dans la contestation d’une décision). Même si d’autres facteurs servent également de guide ou de moteur, ils sont ancrés dans la croyance centrale que chacun a le pouvoir de changer les choses s’il agit.

Le sentiment d’efficacité personnelle met également en jeu une importante composante de l’image de soi : l’image que l’on a de soi comme footballeur, de ses propres qualités techniques et capacités physiques face à une difficulté posée par l’équipe adverse. L’image de soi positive du footballeur est présente dans l’utilité perçue par le football (par rapport à ses buts personnels) et dans l’importance que le sujet accorde à son sport d’où le rôle essentiel de la valeur perçue de la pratique du football dans le but visé (instrumentalité : acquérir les qualités techniques et les capacités physiques afin d’être retenu par un club professionnel).

A l’inverse du sentiment d’efficacité personnelle qui est une croyance sur ses propres capacités, l’estime de soi est un jugement sur sa propre valeur. Un joueur peut ne pas être brillant à l’occasion d’un match sans pour autant en perdre l’estime de lui-même parce qu’il a été sanctionné pour une faute d’antijeu ou parce que son équipe a perdu le gain de la partie.

En fait, le sentiment d’efficacité personnelle n’est pas non plus équivalent au contrôle de soi. Le sentiment d’efficacité personnelle est une croyance alors que le contrôle de soi est un comportement effectif de  régulation de soi-même sous la pression d’agir autrement. Dans de nombreuses situations, le sujet footballeur sait ce qu’il doit faire pour éviter d’être sanctionné par l’arbitre, pour s’abstenir de toute dispute avec un joueur de l’équipe adverse mais n’y parvient pas.

Le footballeur qui considère qu’il a un bon contrôle de soi  fera plus d’efforts pour se contrôler dans les situations ultérieures, persévérera en cas de revers et se remettra mieux d’un épisode de perte de contrôle de soi.

Processus de socialisation et violence

La violence est-elle en rapport avec la construction du soi ! en sachant que les divers processus de socialisation (tel que le sport) conjointement, construisent les individus et définissent les institutions.

La socialisation est un processus d’identification qui signifie que le sujet se construit dans sa relation avec l’Autre qui fait partie de son identité ou qui est l’Autre partie de son identité.

Les constructions, que le sujet footballeur opère autour des pratiques à l’occasion des différentes rencontres qu’il a disputées, sont en transformation constante, et, son idéal du moi est en lien avec la représentation de son modèle.

La violence existe aussi sous l’aspect du jeu dur et l’acteur footballeur qu’il soit enfant, adolescent, jeune adulte peut être dans cette posture pour intimider l’adversaire afin de se construire une représentation qui soit une identité visée (idéal du moi) pour réduire l’écart entre l’identité pour soi et l’identité virtuelle attribuée par son institution ou association sportive.

L’engagement (synonyme de motivation à apprendre) du sujet footballeur est étroitement lié à sa dynamique identitaire en cours fonction de la dualité dans le social qui représente le point de départ de la division du soi (identité pour soi et identité pour autrui sont inséparables).

La dynamique identitaire du footballeur, comme celle de tout sujet dans le processus de socialisation des formes institutionnelles de la construction du soi, peut  jouer un rôle tantôt favorable à l’engagement tantôt défavorable.

L’adolescent, le jeune adulte dans le milieu du football peut être dans une dynamique de préservation lorsque l’identité actuelle valorisée positivement est menacée d’où une réaction négative (violence) pour un but accordé à l’équipe adverse sur action litigieuse ou non litigieuse qui aura une incidence sur le classement du championnat.

Conclusion

La dynamique identitaire joue un rôle favorable à l’engagement, lorsque l’activité du sujet joueur de footbal par les résultats positifs soutient la dynamique en cours, qu’il s’agisse de transformation ou de préservation.

L’accompagnement du sujet joueur de footbal signifie la mise en place d’un processus de retour aux valeurs traditionnelles (le respect de l’autre, la solidarité, etc.) favorisant la construction des représentations mentales (motivationnelles) qui sont considérées comme contingentes (qui peut arriver ou pas) à l’activité et à l’environnement du football.

  

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