Luisito VENTURA

 

L'égalité des chances, la promotion de la diversité, l'insertion de jeunes

Quelles voies pour la promotion de la diversité ?

 

Les " Gilets jaunes ", ce mouvement social qui fête son premier anniversaire rappelle toute chose égale para ailleurs, sur le fond comme dans la démarche pour apporter des réponses aux revendications des protestataires, les mouvements sociaux de grande ampleur que les département d'outre-mer ont en 2008 (La Guadeloupe), 2009 (La Martinique) et la Réunion et plus récemment en 2017 (La Guyanne). L'élément déclencheur de ces mouvements était l'augmentation des prix des produits de consommation courante qui érodait le pouvoir d'achat, rendait la vie chère et fragilisait des  franges de plus en plus importantes de la population. Les revendication étaient simples : la baisse des prix de certains produits de base et la revalorisation des salaires. Cette situation sociale fragilisait également l'identité des individus, altérait la gestion mentale dans la construction des représentations fonction de l'activité dans la relation de travail, de l'interrelation et de la communication dans les actes sociaux.

Pour sortir de la crise sociale le président de la République Nicolas Sarkozy allait prendre l'initiative de convoquer les États généraux de l'Outre-mer avec comme principal objectif " la mise à plat de tous les problèmes qui s'y posent pour permettre à la population de s'exprimer et trouver des solutions aux revendications des populations.

Huit thèmes devaient être abordées au cours des États généraux dont celui de " la formation professionnelles, de l'égalité des chances, de l'identité ou encore de l'insertion des jeunes ".

1. Analyse, psycho-sociologique et économique

La socialisation est un processus d’identification, de construction d’identité c’est-à-dire d’appartenance et de relation. Se socialiser c’est assumer son appartenance à des groupes (d’appartenance ou de référence) c’est-à-dire « prendre personnellement en charge ses attitudes au point qu’elles guideront largement sa conduite sans même qu’on s’en rende compte ». Le signe décisif d’appartenance au groupe c’est l’acquisition du « savoir intuitif ». Ce savoir implique la prise en charge, au moins partielle, du passé, du présent, et du projet du groupe « tels qu’ils s’expriment dans le code symbolique commun qui fonde la relation entre ses membres ». Une approche empirique de l’identité est rendue particulièrement complexe par le fait « qu’il n’y a pas d’identification unique ».

Les individus construisent des « formes identitaires » qui ne dépendent pas seulement de leur passé ou de leur origine sociale. Elles résultent aussi d’expériences vécues au travail ou en situation de formation.

La représentation identitaire est une construction permanente qui du point de vue théorique évite en matière de recherche l’usage directe du mot « Identité ». Dans ce cadre, il faut lui substituer une terminologie par exemple sentiment, construction, discours identitaires.

Le concept d’identité est utilisé pour rendre compte du sentiment de permanence et de continuité que l’individu éprouve dans ses rapports sociaux et perd dans les cas de contraintes extrêmes. L’identification d’un être social est en fait le produit d’une inférence à partir de l’identification d’une activité.

2. « Mon identité personnelle » est ce que je pense de moi-même

L’identité n’est pas l’objet des démarches d’identifications, elle en est le résultat. En effet, je suis ce que je dis de moi. Les identités sont des constructions représentationnelles et discursives opérés par des sujets sur eux-mêmes et sur d’autres en représentation.

3. Faut-il sortir du déterminisme sommaire qui enfermerait nos actions

 dans le cadre de contraintes imposées ?

Il est nécessaire de préciser que l’empêchement objectif est toujours présent et c’est de la fiction de dire qu’il y a une action d’un individu autonome libre et rationnel (fondée sur la raison, déduite par le raisonnement et non sur l’empirique à savoir l’expérience, l’observation).

Il existe une violence symbolique c’est-à-dire douce et masquée qui s’exerce avec la complicité de celui sur qui elle s’exerce.

4. Faut-il encore parler de reproduction sociale dans le cadre de la  relation

dominant/dominé ? L’École est-elle toujours l’outil de  renforcement des

inégalités sociales?

L’École doit assurer à l’Homme son insertion professionnelle pour lui permettre de construire une " Identité Sociale Positive " (sentiment de compétence, estime de soi).

Il y a une prise de conscience des gouvernants, des acteurs sociaux et économiques, des représentants de l’Éducation qui s’est traduite par cette signification, cette communication à savoir qu’il faille assurer à un plus grand nombre de jeunes défavorisés par leur origine sociale (par exemple le quartier, le statut social des parents : position par rapport à la société ; le statut et la catégorie professionnelle : ouvrier et maçon, etc.) et par leur structure familiale (famille monoparentale ou parents divorcés) l’acquisition de larges qualifications de base car l’emploi qualifié est au centre de la compétition économique.

L’Éducation et la formation, sont présentées en réponses au fléau social appelé le chômage qui aboutit à la désaffiliation sociale lorsque cette situation d’inactivité contrainte perdure. Elles rentrent dans le cadre d’accompagnements permettant ou facilitant l’employabilité, et, assurant la reconversion professionnelle mais aussi la promotion sociale.

La Martinique doit s’appuyer sur une croissance soutenue pour faciliter la création d’emplois. Il faut promouvoir la société de la connaissance, conçue comme un instrument de développement économique et social. Le développement d’une formation et d’un enseignement professionnels de qualité, pour une population active compétente, flexible et capable de suivre l’évolution du secteur de production, est l’une des clés de cette stratégie. La formation générale devient une base de départ incontournable à une formation professionnelle qualifiante garantissant de bonnes chances de trouver un emploi. Dans une économie où le secteur des services occupe une grande place au détriment du secteur industriel qui diminue année après année, la formation professionnelle devrait se développer au niveau postsecondaire.

La mise en place et le suivi du projet professionnel dans le cadre de l’accompagnement de l’apprenant, du jeune en formation permet le développement des représentations motivationnelles (représentations mentales) qui se construisent pour une large part de l’interaction entre des facteurs internes, propres à l’individu, et des facteurs externes, propres à la situation et au contexte.

Le projet professionnel joue le rôle de catalyseur dans l’engagement du jeune en apprentissage (formation), et, de ce fait, la motivation intrinsèque en rapport avec les « buts dits d’apprentissages » incite l’apprenant à acquérir la maîtrise des compétences ou des connaissances afin de progresser vis-à-vis de lui-même dans son apprentissage.

 Les « buts dits d’apprentissage » au même titre que les « buts de performance » (l’apprenant vise prioritairement à donner aux autres une image positive ou à éviter de donner une image négative de lui-même) valorisent l’utilité de la tâche dans une problématique plus large de l’instrumentalité en rapport avec le but personnel visé par le sujet pour la réussite de son projet professionnel.

Le projet professionnel dans le cadre de la formation, facilite la gestion mentale à partir de l’activité  pour la construction permanente des représentations finalisées des situations dans lesquelles le jeune est engagé et des représentations finalisantes (anticipatrices ou rétrospectives par rapport à l’activité en formation) relatives à des souhaitables, assure la dynamique identitaire en transformant l’identité professionnelle et sociale  dans l’habitus. Chaque habitus individuel est doté d’une singularité qu’il s’agisse de membres d’une même famille car entre des frères et sœurs, on ne trouvera jamais exactement les mêmes expériences sociales (par exemple des cursus scolaires pour une part différents).

L’insertion des jeunes rencontrant des difficultés  peut se réaliser en particulier par la formation ou le travail, et, la transformation identitaire passe par des formations longues dans lesquelles les dimensions cognitive et psychologique sont essentielles dans les constructions représentationnelles et discursives

La promotion de la diversité s’effectue par la promotion sociale relative à des trajectoires sociales convergentes (par exemple, entre des gens issus d’un milieu agricole ou ouvrier passés par l’université, et connaissant une ascension sociale par l’école ou le travail) qui permettent à des individus d’intégrer des habitus de classe (à un niveau social plus global).

 

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