Le pétrole en chiffres Réserves en 2016 (en milliards de barils) Pays | Quantité | États-Unis | 48,0 | Arabie saoudite | 266,5 | Russie | 109,5 | Iran | 158,4 | Canada | 171,5 | Irak | 153,0 | Émirats arabes unis  | 97,8 | Chine | 25,7 | Koweït | 101,5 | Brésil | 12,6 | Mexique | 8,0 | Venezuela | 300,9 | Nigeria | 37,1 | Norvège | 7,6 | Qatar | 25,2 | Angola | 11,6 | Kazakhstan | 30,0 | Algérie | 12,2 | Royaume-Uni | 2,5 | Oman | 5,4 |
Production en 2016 (en milliards de barils/jour) Pays | Quantité | États-Unis | 12,35 | Arabie saoudite | 12,35 | Russie | 11,23 | Iran | 4,60 | Canada | 4,46 | Irak | 4,46 | Émirats arabes unis | 4,07 | Chine | 4,00 | Koweït | 3,15 | Brésil | 2,60 | Mexique | 2,46 | Venezuela | 2,41 | Nigeria | 2,05 | Norvège | 1,99 | Qatar | 1,90 | Angola | 1,81 | Kazakhstan | 1,67 | Algérie  | 1,58 | Royaume-Uni | 1,01 | Oman | 1,00 |
Consommation en 2016 (en millions de tonne/an) Pays | Quantité | États-Unis | 863,1 | Chine | 578,7 | Inde | 212,7 | Japon | 184,3 | Arabie saoudite | 167,9 | Russie | 148,0 | Brésil | 138,8 | Corée du Sud | 122,1 | Allemagne | 113,0 | Canada | 100,9 | Iran | 83,8 | Mexique | 82,8 | France | 76,4 | Royaume-Uni | 73,1 | Indonésie | 72,6 | Singapour | 72,2 | Espagne | 62,5 | Thaïlande | 59,0 | Italie | 58,1 | Taïwan | 46,7 | Total Monde | 4418,2 | Union européenne | 613,3 | Afrique | 185,4 |
Quantité disponible pour l'exportation 2016 (en milliard de barils/jour) Pays | Quantité | États-Unis | -7,28 | Arabie saoudite | 8,44 | Russie | 8,03 | Iran | 2,75 | Canada | 2,12 | Irak | nd | Émirats arabes unis | 3,08 | Chine | -8,38 | Koweït | 2,65 | Brésil | -1,16 | Mexique | 0,59 | Venezuela | 1,80 | Nigeria | nd | Norvège | 1,75 | Qatar | 1,56 | Angola | nd | Kazakhstan | 1,38 | Algérie | 1,17 | Royaume-Uni | -0,59 | Oman | nd | Total Monde | -4,41 | Union européenne | nd | Afrique | 185,4 |
| Le pétrole "Le pétrole n’est pas une simple marchandise commerciale. Son importance capitale dans l’économie mondiale la transforme en une arme utilisée entre, voire contre, les nations. Chaque dollar dépensé à la pompe devient une munition dans une guerre économique complexe."(1) Extrêmement convoitée, le pétrole façonne la géopolitique mondiale. L'or noir est au centre de la coopération, des tensions et des conflits entre les États propriétaires de la ressource et les compagnies pétrolières qui l’exploitent. Son histoire se confond, à bien des égards, avec celle de la lutte de libération des peuples contre la domination des grandes sociétés pétrolières, notamment des « sept sœurs » et dont les intérêts se confondent souvent avec ceux des grands États consommateurs (les États-Unis, la Grande Bretagne, la France, etc.). Les enjeux concernent le droit de propriété de la ressource, c’est-à-dire in fine, le partage de la rente et la stratégie de captation du surplus pétrolier. Les sommes en question sont sans équivalent. Près des deux-tiers de la production pétrolière mondiale donne lieu à des flux commerciaux qui correspondent à 60-75 % des échanges internationaux d’énergie. Par exemple selon la Banque mondiale, le CNUCED, l’OMC, la rente pétrolière a représenté 62,6 % de la rente minière mondiale en 2008. La rente minière pétrolière mondiale a atteint 772 milliards de dollars contre 377 milliards de dollars pour le gaz. Au cours de la même année, la somme des rentes minières générées par l’ensemble des autres ressources naturelles (charbon compris) a représenté 85 milliards de dollars. Aux États-Unis, les seules ventes du secteur pétrole et gaz ont représenté près de 9 % du Produit intérieur brut (PIB) en 2008 (soit 1325 milliards de dollars), les profits du secteur comptaient alors pour 0,5 % du PIB (soit 73,9 milliards de dollars).(2) Les conditions de création et d’appropriation des rentes pétrolières sont devenues de plus en plus contraignant pour les les compagnies pétrolières internationales. Depuis la création de l’OPEP, les États imposent progressivement leur présence et leur influence au sein de l’industrie des hydrocarbures améliorant leur part, relative et absolue, dans le partage des rentes pétrolières. Origine du pétrole Le terme « pétrole » vient du latin petra » et oleum ; il peut être traduit par « huile de pierre ». Selon la théorie dominante, le pétrole est un combustible fossile. Il provient de la décomposition d’organismes marins (principalement de plancton) accumulés dans des bassins sédimentaires, au fond des océans, des lacs et des deltas il y a 20 à 350 millions d’années. La transformation de la matière organique en pétrole s’échelonne sur des dizaines de millions d’années, en passant par une substance intermédiaire appelée kérogène. Le pétrole produit peut ensuite se trouver piégé dans des formations géologiques particulières, appelées « roches-réservoirs » constituant les gisements pétrolifères « conventionnels » exploités de nos jours. Cependant une théorie alternative sur l'origine chimique du pétrole, celle du pétrole abiotique. Selon cette théorie celle-ci se formerait dans les couches profondes de la Terre ; elle s'oppose à l'hypothèse communément admise de la formation par transformation progressive de détritus biologiques. Cette théorie, apparue au XIXe siècle, fit l'objet de nouvelles recherches et d'une mise en pratique en Union soviétique dans les années 1950 et 1960. Largement ignorée en Occident du fait des faibles volumes de pétrole abiotique découverts, elle n'a jamais suscité de réel intérêt parmi les géologues et est de nos jours majoritairement considérée comme scientifiquement invalide.(3) Classifications des pétroles On distingue les pétroles en fonction de leur origine et donc de leur composition chimique. Le mélange d’hydrocarbures issu de ce long processus comprend des chaînes carbonées linéaires plus ou moins longues, ainsi que des chaînes carbonées cycliques naphténiques ou aromatiques. Il est aussi possible de distinguer les différents types de pétrole selon leur densité, leur fluidité, leur teneur en soufre et autres impuretés (vanadium, mercure et sels) et leurs proportions en différentes classes d’hydrocarbures. Le pétrole est alors paraffinique, naphténique ou aromatique. On classe aussi les pétroles selon leur provenance (golfe Persique, mer du Nord, Venezuela, Nigeria), car le pétrole issu de gisements voisins a souvent des propriétés proches. Il existe des centaines de bruts de par le monde. Certains servent d'étalon pour établir le prix du pétrole d’une région donnée : les plus utilisés sont l'Arabian Light (brut de référence du Moyen-Orient), le Brent (brut de référence européen) et le West Texas Intermediate (WTI, brut de référence américain). Tableau 1 Pétrole brut de référence Brut | Qualités | Blend Brent : | - Pétrole brut le plus utilisé dans le monde ; - Sweet & Light ; - Extrait en Mer du Nord. - Facilement transportable par voie maritime ; - Coûts de production élevés. | West Texas Intermediate (WTI) : | - Très Sweet & très light ; - Extrait dans le sud des USA, cher à transporter | Le Dubai/Oman : | - Peu sweet & peu light ; - Extrait dans le Golfe Persique, utilisé en Asie ; - Coûts de production faibles. |
Selon sa provenance, le brut peut contenir du gaz dissout, de l’eau salée, du soufre et des produits sulfurés (thiols (mercaptans) surtout). Il a une composition trop riche pour être décrite en détails. Il faut distinguer simplement trois catégories de brut : - à prédominance paraffinique : les hydrocarbures linéaires sont les plus abondants ; ces bruts sont les plus recherchés car ils donnent directement une grande proportion de produits légers comme l'essence et le gazole ; - à prédominance naphténique : avec beaucoup d'hydrocarbures à cycle saturé ; - à prédominance aromatique : les hydrocarbures présentant un cycle carboné insaturé sont plus abondants. De plus, il existe des bruts aptes à faire du bitume, ce sont des bruts très lourds de type Boscan, Tia Juana, Bachaquero ou Safaniyah. Les deux principaux critères pour classer les centaines de bruts différents qui existent sont la densité et la teneur en soufre, depuis le plus léger et le moins sulfureux (qui a la plus haute valeur commerciale) qui est du condensat, jusqu’au plus lourd et au plus sulfureux qui contient 90 % de bitume environ : c’est un brut d’Italie. Les bruts des pays du Golfe qui ont une forte teneur en soufre et le brut de Doba (Tchad) subissent une lourde décote. Ces bruts ont une rente de qualité inférieure à celle du Brent, du Bonny light ou du Nkossa (Congo). L’American Petroleum Institute (API) distingue selon leur densité trois types de pétroles bruts : - lourds avec moins de 25° API, ils contiennent plus de fioul ; - les moyens qui ont entre 25° et 35° API ; - les légers avec plus de 35° API, ils contiennent plus d’essence. Les pétroles bruts de référence sont le West Texas Intermediate (WTI), le Brend Brent (ou Brent) et le Dubaï (Cf. tableau 1). La comparaison de la qualité des pétroles de certains pays producteurs avec les bruts de référence est présentée au tableau 2. Tableau 2 Comparaison de la qualité des bruts avec les pétroles de référence Origine | Gravité Degré API1/ | Teneur en souffre (% du poids total) | Appellation2/ | Brent | 38,0 | 0,40 | Léger doux | West Texas Intermediate (WTI) | 36,4 | 0,48 | Léger doux | Dubai | 31,1 | 2,00 | Moyen sulfuré | Saharan Blend (Algérie) | 45,5 | 0,05 | Léger doux | Iranian Heavy (Iran) | 30,0 | 1,20 | Moyen sulfuré | Bonny Light (Nigeria) | 36,7 | 0,12 | Moyen sulfuré | Basrah Light (Irak) | 33,7 | 1,95 | Léger sulfuré | Kuwait Export (Kuwait) | 31,4 | 2,52 | Léger sulfuré | Arabian Light (Arabie Saoudite) | 31,8 | 1,77 | Léger sulfuré | BCF24 (Venezuela) | 23,5 | 1,85 | Moyen sulfuré | Cabinda (Angola) | 31,7 | 0,17 | Léger doux | Mandji (Gabon) | 30,5 | 1,1 | Moyen sulfuré | Djeno Blend (Congo) | 26,9 | 0,33 | Moyen doux | NKossa Blend (Congo) | 39,92 | 0,06 | Léger doux | Yombo Crude (Congo) | 16,67 | 0,33 | Lourd doux | Doba (Tchad) | 21,2 | 0,1 | Lourd doux | Sakhalin (Russie) | 32,3 | 0,25 | Léger doux |
1/ Degré API (American Petroleum Institute) : Mesure définie par l'American Petroleum Institute qui permet de classer les pétroles bruts selon leur densité : léger (supérieur à 31,1° API), moyen (de 22,3 à 31,1° API), lourd (de 10 à 22,3° API), extra lourd (inférieur à 10° API). 2/ Les pétroles à faible teneur (inférieure à 0,5 % du poids total) sont qualifiés de doux, au-delà, les pétroles sont qualifiés de sulfurés. Sources : Chevron Crude Oil Marketing, CNUCED, Centre de Technologie Environnementale du Canada, PERENCO Crude Marketing, Environment Canada : Guide to export crudes for the ‘80s, MURPHY Oil Corporation. L'industrie pétrolière L’industrie pétrolière se subdivise schématiquement en deux secteurs : l’« amont »(exploration-production) et l’« aval » (raffinage, distribution). Dans les pays non producteurs c’est le raffinage et la distribution qui rapportent l’essentiel des revenus grâce à la fiscalité sur les produits pétroliers. Dans les pays producteurs c’est l’amont qui est le principal pourvoyeur de revenu. L’amont pétrolier est un secteur qui présente des caractéristiques très spécifiques : - un risque important avec un faible taux de réussite ; - le délai entre la découverte et la production pétrolières est long (plusieurs années) ; - il n’y a pas de lien, en cas de succès, entre les investissements réalisés et les revenus générés ; - la négociation des contrats reste un aspect essentiel de la comptabilité ; - l’actif principal, constitué des réserves, est souvent mal cerné et présenté dans les états annexes ; - le prix de vente résulte du jeu de l’offre et de la demande dans un marché souvent peu transparent et très volatil ; - les fluctuations de prix et les estimations des réserves compliquent la détermination de la rentabilité d’un projet ; - la découverte des réserves avec une économicité prouvée assure la continuité d’exploitation. BRET-ROUZAUT, Nadine et FAVENNEC, Jean-Pierre, (2011), Recherche et production du pétrole et du Gaz : réserves, coûts, contrats, Paris, Éditions Technip, 327 pages. CHEVALIER, Jean-Marie, (1975), « Éléments Théoriques d’Introduction à l’Economie du Pétrole : l’analyse du Rapport de Force », Revue d’Économie Politique (2), Mars-Avril, p. 230-256. GOLDWYN INTERNATIONAL STRATEGIES, (2007), Dans les profondeurs des industries extractives. Guide de participation de la société civile sur les revenus des industries extractives et l’ITIE, New York, Revenue Watch Institute, 256 pages. LESTRANGE, Cédric de, PAILLARD, Cristophe-Alexandre et ZELENKO, Pierre, (2005), Géopolitique du pétrole. Un nouveau marché, de nouveaux risques, un nouveau monde, Paris, Éditions Technip. OMINGA, Raoul, (2016), Spécificités comptables du secteur amont pétrolier : cas de la Société Nationale des Pétroles du Congo, Évry, CesbcPresses. http://www.ifpenergiesnouvelles.fr/ http://www.ifpenergiesnouvelles.fr/Publications/Analyses-technico-economiques/Rapports-annuels-sur-les-investissements-petroliers http://www.bp.com/en/global/corporate/energy-economics/energy-outlook.html http://www.eia.gov/totalenergy/data/monthly/#petroleum http://www.eia.gov/forecasts/steo/report/global_oil.cfm http://uk.reuters.com/article/2014/11/27/uk-opec-meeting-idUKKCN0JB0M420141127 http://www.reuters.com/article/2014/11/28/us-opec-meeting-shale-idUSKCN0JC1GK 20141128 http://www.ft.com/cms/s/0/0668b928-83d7-11e4-9a9a-00144feabdc0.html#axzz3O Yq5Emgi http://www.bbc.com/news/business-30876920 http://www.bloomberg.com/news/articles/2014-12-02/saudi-venezuela-opec-split-plays-out-behind-closed-doors http://www.hellenicshippingnews.com/a-guide-to-the-inner-workings-of-opec/ http://foreignpolicy.com/2014/12/23/is-saudi-arabia-trying-to-cripple-american-frac king-oil-iran/ http://www.reuters.com/article/2014/12/22/us-russia-crisis-economy-poll-idUSKBN 0K01LT20141222 http://www.reuters.com/article/2014/12/10/oil-ma-idUSL6N0TT2SG20141210 http://www.mcall.com/news/local/mc-marcellus-shale-wells-for-sale-20141123-sto ry.html http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-03-11/get-ready-for-oil-deals-shale -is-going-on-sale |