André MILONGO TSATOUABANTOU

20 octobre 1935 – 23 juillet 2007

 
 

Par Aimé MIANZENZA

 

André Milongo Tsatouabantou est né le 20 octobre 1935 à Mankondi, District de Boko dans la région du Pool, au Sud de Brazzaville. Il avait 7 enfants et 6 petits-enfants.

Carrière politique

André Milongo Tsatouabantou est entré en politique sur le tard (1991), après une brillante carrière comme administrateur dans les institutions internationales. Les congolais l’appelaient affectueusement « Ya Milos ».

Elu premier Ministre par la Conférence souveraine (mars-juin 1991), il dirige le gouvernement de Transition démocratique de juin 1991 à août 1992. Au cours de cette période délicate de 14 mois, il a la lourde et redoutable tâche d’organiser les premières élections démocratiques (législatives et présidentielle) après plus d’un quart de siècle de dictature du parti unique. Il est été l’objet de plusieurs tentatives de coups d’État.

Battu à l’élection présidentielle qui voit l’arrivée de Pascal Lissouba à la tête du Congo, Brazzaville, André Milongo Tsatouabantou crée l’Union pour la Démocratie et la République — Mwinda (UDR-Mwinda). Le parti de Ya Milos obtient 6 députés aux élections législatives de 1992 ; il adhère à la Mouvance présidentielle, ensemble de partis politiques soutenant l'action de Pascal Lissouba. André Milongo Tsatouabantou devient président de l'Assemblée nationale, poste qu'il occupera jusqu'à la guerre civile en 1997. Il est ensuite membre du Conseil national de transition (CNT), mis en place par Dénis Sassou Nguésso après sa victoire militaire sur le régime de Pascal Lissouba.

Principal candidat de l'opposition en 2002 face à Denis Sassou Nguesso, Andé Milongo Tsatouabantou se retire moins de 48 heures avant le scrutin estimant que « les conditions de transparence du scrutin ne sont pas garanties. » La même année, Ya Milos est réélu député de la circonscription de Boko, dans le département du Pool. Grande figure, la maladie l’éloigne des différents meetings organisés ces derniers mois par l’opposition au Rond Point de Moungali à Brazzaville. Candidat à sa propre succession comme député de Boko aux élections législatives en cours en raison, il n'a pas pu battre campagne pour sa réélection en raison des problèmes de santé. Il est éliminé dès le premier tour le 24 juin.

André Milongo Tsatouabantou est un des rares leaders politiques à ne pas avoir entretenu de milice pendant les guerres civiles qui ont secoué le Congo-Brazzaville au cours de la décennie 90 et au début des années 2000.

Carrière profesionnelle

Après ses études secondaires à Brazzaville (Congo), André Milongo Tsatouabantou s’en va en France pour des études de droit. Il obtient une licence en droit (ancien régime de 4 ans) à l’université de Nancy. Il est ensuite admis à l’École nationale d’administration (ENA) de Paris d’où il sort en 1964. Rentré au Congo, il occupe successivement le poste de Trésorier payeur général (TPG) en 1965, directeur des investissements au Ministère du Plan en 1970 et conseiller à la Primature en 1972. Il commence une carrière internationale d’abord comme administrateur à la Banque africaine de développement (BAD) à Abidjan (Côte d’Ivoire) en 1976, puis comme administrateur de la Banque mondiale huit ans plus tard avec résidence à Washington DC (États-Unis). À la Banque mondiale, il fait la connaissance de Nicéphore Soglo, également administrateur de cette institution. Ce dernier sera Président du Bénin du Bénin du 4 avril 1991 au 4 avril 1996

Au Congo-Brazzaville, la quasi-totalité des hommes politiques est formée à l’école de Parti congolais du travail (PCT), l’ancien parti unique marxiste-léniniste. Dans ce pays la violence a été élevée au rang de méthode de gouvernement ; les joutes politiques qui s’y déroulent se terminent toujours en règlement de compte sanglant. André Milongo Tsatouabantou qui ne sort pas de ce moule donnait ainsi l’image d’un politique atypique, d’un agneau perdu dans la marre aux crocodiles simplement parce qu’il n’avait pas la culture stalinienne de ses adversaires.

Épilogue

Certains membres du Cesbc ont été des collaborateurs très proches d’André Milongo Tsatouabantou : Mary-Albert Colelat (son conseiller juridique à la Primature) et Aimé Mianzenza. Ya Milos laisse le souvenir d'un " bosseur ", d'un homme intègre, d’un gestionnaire rigoureux, d'un patriote. Il restera un exemple pour les jeunes générations à une période où, sur le plan international, son pays donne l’image d’une république des kleptocrates.

À son épouse Laurentine Milongo et à toute sa famille, le Centre d’études stratégiques du Bassin du Congo et tous ses membres présentent ses condoléances les plus sincères.

 

 

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