Bibliographie

 

Peuples Noirs

Peuples Africains

 

Main Basse sur le Cameroun



Hommage à Mongo Béti

30 juin 1932 - 7 octobre 2001

" Même mort, je ne voudrai pas être petit "



 

Il avait été un des premiers intellectuels africains à dénoncer les tares de l’Afrique notamment de son pays le Cameroun. Il avait vécu trente-deux ans en exil avant de revenir dans son pays natal en 1991. Mongo Béti, de son vrai nom Alexandre BIYIDI AWALA est décédé le 7 octobre 2001 à Douala au Cameroun, à l’âge de soixante neuf ans.

 

L'homme était partagé entre sa double appartenance d’intellectuel africain de langue française, entre la tradition de ses ancêtres et la culture occidentale, entre Blancs et Noirs.

 


 

Alexandre BIYIDI AWALA dit Mongo BETI est né le 30 juin 1932 à Akométam. Ce village proche de Mbalmayo, est situé à 45 km de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Après des études primaires à l'école missionnaire de Mbalmayo, BIYIDI AWALA entre au lycée Leclerc à Yaoundé en 1945. Il quitte le Cameroun en 1951 après son baccalauréat pour poursuivre des études supérieures de Lettres à Aix-en-Provence puis à la Sorbonne à Paris où il passe l’agrégation en 1966.

 

À 23 ans, il commence sa carrière littéraire en 1953 avec Sans haine et sans amour, une nouvelle publiée dans la revue Présence Africaine, dirigée par Alioune Diop. En 1954,  il publie Ville cruelle son premier roman aux ions Présence Africaines sous le pseudonyme de Eza Boto. L’histoire relate le périple d’un paysan venu vendre sa récolte de cacao en ville, où il sera volé et dupé. Il publie ensuite trois romans Le pauvre christ de Bomba (1956), sur les déboires d’un missionnaire qui se heurte à l’animisme africain, Mission terminée (1957) et Le roi miraculé (1958) au cours de sa période africaine.

 

Durant quatorze ans, Mongo Béti ne publie plus, non sans s’engager d’emblée contre les dictatures mises en place dans les pays africains. En 1972, il rompt le silence avec Main basse sur le Cameroun un pamphlet dénonçant la sinistre dictature de Ahmadou Ahidjo, soutenu par la France, l’ancien pays colonisateur. Le livre est interdit en France parce qu’il considéré comme subversif. Il ne sera autorisé à la vente que quatre ans plus tard. " Main basse sur le Cameroun " raconte le climat dans une ancienne colonie française redevenue colonie française " expliquera t-il plus tard.

 

Il continue en 1974 avec deux romans : Remember Ruben l’histoire de Mor-Zamba un rebelle échoué dans un bidonville africain et " Perpétue et l’habitude du malheur ". En 1979 il publie La ruine presque cocasse d’un polichinelle. La fiction lui sert de matériau pour démasquer un néo-colonialisme féroce qui étouffe son peuple.

 

Avec son épouse Odile TOBNER, Mongo BETI lance la revue bimestrielle Peuples Noirs Peuples africains en 1978. Dès le premier numéro, la revue annonce sa ligne éditoriale :  décrire et et dénoncer les tares apportés à l’Afrique par les régimes néo-coloniaux. La revue devient la tribune de langue française des progressistes noirs.

Peuples Noirs-Peuples Africains sera publié sans interruption jusqu’en 1991, année de retour de Mongo Béti au Cameroun. Il revient dans son pays natal avec un visa de visiteur de deux semaines. Il fonde des espoirs sur Paul Biya, espoirs rapidement envolés et il poursuivra son combat contre " ce dictateur de seconde zone " non sans censure, ni répression. Mais Béti tient bon.

 

Il fonde la première librairie de la capitale " Librairie des Peuples Noirs ", et une radio libre. Ses derniers livres Trop de soleil tue l’amour (1999) et Branle-bas en blanc et noir (2000) sont comme des scalpels dans une société corrompue, vermoulue, désespérante. Au des dernières années de sa vie, Mongo BETI crée des associations de défense des citoyens; il alimente les média camerounais de nombreux articles de protestation contre le régime de Paul BIYA.

"Au-delà de la révolte politique et idéologique, Mongo BET a su briller par la qualité de sa langue, de son écriture, de son esthétique. Une langue tout à fait pétillante et flamboyante par les images, par le densité du verbe et par le caractère incantatoire de ses phrases" écrit Bethuel Kasamwa-Tuseko.

Mongo BÉTI a été un intellectuel majeur de son temps. Il n’a jamais renoncé à combattre les injustices.

I

 

 

Copyright @ 2006-2007 Centre d'études stratégiques du bassin du Congo   -   Tous droits réservés

Conception : Aimé D. Mianzenza